Obama, c'est "chro", Sarko, c'est piccolo...



Lorsque les femmes de président parlent de l'harmonica de leur mari... Ainsi Michelle Obama révèle que le président des Etats-Unis, l'homme prétendument le plus puissant de la planète, joue (apparemment) du "chro". Tandis que Carla Bruni reconnaît que notre ex-chef d'Etat se limite au piccolo. Pour  elles, des musiques évidemment différentes...

Yvonnick Prené, le jazzeux français qui monte à New York

Cinq ans après s'être expatrié aux Etats-Unis, le Parisien Yvonnick Prené semble en voie de s'imposer, à New York, sur la plus exigeante scène jazz du monde...


Assis sur le toit du monde - C'est l'harmoniciste chromatique français qui monte, qui monte sur la scène jazz de New York. Depuis qu'il a quitté son Paname natal en 2007, Yvonnick Prené a côtoyé, dans l'un des milieux musicaux les plus exigeants au monde, les grands interprètes contemporains du genre parmi lesquels les saxophonistes Lee Konitz et Dave Glasser, les bassistes John Patitucci et Ben Street, le pianiste Kevin Hayes et le guitariste Peter Bernstein. Il multiplie également les apparitions en leader ou en "sideman" dans les clubs les plus prestigieux de Manhattan et du Greenwich Village (Iridium Jazz Club, Zinc Bar, Fat Cat, Cornelia Street Cafe, etc...), au Miller Theater de l'Université Columbia mais aussi à Los Angeles, Berlin et Paris (Duc des Lombards). Il est en outre régulièrement invité par les plus grands festivals de jazz aux Etats-Unis (Cuny), en France (MarciacUbaye) et en Suisse (Berne). Considéré à seulement 28 ans comme l'un des meilleurs "jazzman" de la planète, le p'tit Frenchie semble être sur le toit du monde: le pianiste Aaron Goldberg n'a-t-il pas dit de lui qu'il avait la "certitude" qu'il deviendrait l'un des plus grands harmonicistes de jazz?
La faute à Sonny Boy et à Milteau - Né en 1984 à Massy (Essonne), dans la banlieue Sud de Paris, le jeune Yvonnick entend ses premières notes d'harmonica à la télé, à seulement six ans: c'est Antoine et ses "Elucubrations"! Un an plus tard, il découvre l'harmonica de Mick Jagger, celui de Rice Miller alias Sonny Boy Williamson II avant de rencontrer Jean-Jacques Milteau qui devient son premier mentor.
Pour ses sept ans, son père lui offre son premier instrument diatonique, un "Golden Melody" Hohner, ainsi que la méthode d'harmonica de l'Irlandais Don Baker: c'est une révélation! A 13 ans, il participe à son premier stage à l'Utopia avec, comme professeur, Greg Slapczynski. Suivent des cours de guitare blues avec Chris Lancry, un stage à Monteton avec Milteau en maître de cérémonies. Il n'a que 14 ans lorsqu'il commence à suivre des cours de jazz à l'Ecole des musiques actuelle de Paris (masterclasse du clarinettiste Dave Liebman, cours de guitare chez Manu Pekar et de saxophone chez Philippe Lemoine). Deux ans plus tard à l'Ecole Paul Beuscher (fermée en 2008 pour insuffisance d'actifs), il suit des cours d'harmonie chez Sébastien Charlier avec une volonté farouche: jouer du jazz sur un diatonique.
Ker Ourio et l'abandon du diato - Entre 2001 et 2002, il participe au collectif "Jazz Panique" et fréquente assidûment les "boeufs" dans les hauts-lieux du jazz parisien, Caveau des Oubliettes, le défunt Studio des Islettes, Le Baiser Salé, le Sunset et Les Sept Lézards. Il suit un stage à Marciac au cours duquel il "boeufe" avec Wynton Marsalis et fait la rencontre, déterminante, d' Olivier Ker Ourio qui lui fera abandonner le diatonique pour le chromatique. C'est à cette époque qu'il effectue ses premières tournées, comme le signale Jean-Charles Buecher dans un article du magazine de la H2F (n°2, 2005).
Des problèmes d'intonation -- "Le diatonique ne me satisfaisait plus", a-t-il expliqué en 2010 au site "Paris On The Move". "A cette époque, je sentais des barrières techniques qui m’empêchaient de m’exprimer librement. Je rencontrais des problèmes d’intonation avec certaines notes", a-t-il ajouté. "De plus, l’obtention d’un jeu chromatique se faisait au détriment de l’homogénéité de la palette sonore, ce qui est un problème lié à l’ergonomie du diatonique car contrairement au piano, chaque note possède une sonorité particulière, une saveur unique. Néanmoins, je respecte le travail de musiciens comme Howard Levy et Sébastien Charlier qui arrivent à faire des choses merveilleuses avec un diatonique.".


Tout ré-apprendre à New York - Après avoir passé son bac, il s'inscrit en 2003 à la faculté de musicologie de la Sorbonne où il suit les cours d'harmonie du saxophoniste Jean-Claude Fohrenbach (décédé en mars 2009 à l'âge de 84 ans) et du pianiste Laurent Cugny. Désormais, sa formation musicale est solide et sa carrière semble lancée: il joue dans le big band de Cugny, se produit au Franc Pinot, le club de prédilection de Borah Minnevitch, l'immense harmoniciste américain décédé à Paris en 1955, et rencontre Toots Thielemans. En 2007, sa licence en poche, il part en échange universitaire  à New York, d'abord au City Collège puis à la Columbia University. C'est le choc! Intimidé par le niveau des musiciens, il se plonge dans l’étude du jazz de manière boulimique et ré-apprend tout, depuis le début mais avec une approche juste. Comblant ses lacunes, il rebondit en prenant des cours chez Peter Bernstein, Kevin Hays, Dave Glasser et Reggie Workman à la New School for Jazz and Contemporary Music de New York où il est admis en 2009 avec une bourse d’étude. Toujours inscrit à la Sorbonne, il termine en parallèle un "master" en recherche dont le mémoire est consacré à Lee Konitz avec qui il étudie pendant un an. Résidant actuellement à Brooklyn, membre du New York Jazz Workshop, Prené doit sortir au début de l'an prochain et à la tête de son quintette un premier album intitulé "Jour de fête"(Steeplechase Records) dont voici un extrait vidéo:



Liens:
Site: yvonnicprene.com
Blog: nyharmonicalessons.wordpress.com
Facebook: facebook.com/yvonnick.prene

Toute la musique de Little Walter en quelques fromages...

Pour l'essentiel, Little Walter jouait des "shuffles" en 2è position, en sol et en fa: telles sont les enseignements statistiques de compilations réalisées à partir des enregistrements effectués par Marion Jacobs pour le label Chess et sa filiale Checker Records.

L'harmonica mène à tout, même à la statistique... La compilation des 90 enregistrements effectués, sous son nom, par Little Walter pour Chess et Checker entre 1952 (année où il a quitté l'orchestre de Muddy Waters pour surfer sur le succès de "Juke") et 1966 (à la veille de sa deuxième et dernière tournée européenne) est à cet égard riche d'enseignements...
Quelles tonalités? - Comme l'atteste le premier "fromage" que je me suis amusé à établir en ce glacial dimanche d'hiver, Walter jouait essentiellement en sol (G) et en fa (F). Suivent ré (D) et mi (E) et, plus surprenant, si (B). Il n'a en revanche que peu enregistré en do (C), encore moins en la bémol (Ab) et ré bémol (Db) et pas du tout en si bémol (Bb) ni mi bémol (Eb), ces deux dernières tonalités étant pourtant prisées par les saxophones que Jacobs n'a cessé d'émuler pendant sa carrière.
Quelle était la "position" préférée du génie? - Sans aucun doute la deuxième, le jeu à la quinte étant sans conteste le plus expressif et le plus fluide sur l'harmonica diatonique. Sur le chromatique, Walter a enregistré presqu'exclusivement en troisième position.

La période la plus prolifique? - Après "Juke", mis en boîte le 12 mai 1952, Walter a enregistré l'essentiel de son oeuvre en 1953, l'année de "Tell Me Mama" (10è dans les "charts" de rythm'n blues), de l'instrumental "Off The Wall" (8è) et de "Blues With A Felling" (2è), en 1954, où il sort "You're So Fine" (2è), "You Better Watch Yourself" (8è) et "Last Night" (6è), et en 1955, où "My Babe" est son deuxième "numéro 1" au hit parade tandis que "Roller Coaster" se classe 6è.
Le "shuffle", rythme de prédilection - Par genre ou "groove", il est clair que Walter préférait le "shuflle", comme l'atteste le quatrième fromage. Viennent ensuite les blues lents et les boogies. Ajoutez quelques rhumbas et blues au tempo medium, emballez, c'est pesé...
In 1967, Chess publie sous le titre "Super Blues" le dernier album Walter avec Bo Diddley et Muddy Waters. Je ne l'ai pas retenu pour ces compilations. Jacobs décède en février 1968 des suites d'une rixe ayant éclaté à la pause, dans un club du South Side de Chicago.

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