C'est d'abord un accessoire pour guitaristes voulant jouer de l'harmonica mais l'inverse est tout aussi vrai: le porte-harmonica est ce support transformant à peu de frais en homme-orchestre les musiciens prolifiques sur deux voire plusieurs instruments.
Un accessoire apparu vers 1870 aux Etats-Unis - La guitare et l'harmonica forment depuis toujours le "couple infernal" du blues et de la country. Mais comment jouer des deux instruments en même temps si l'on est manque de partenaire? La solution a été trouvée avec l'arrivée vers 1870 aux Etats-Unis du porte-harmonica ("rack" en anglais), un accessoire se mettant en collier autour du cou et qui a libéré les mains des guitaristes qui furent les premiers à l'adopter. Depuis, ce support parfois gênant n'a cessé d'évoluer jusqu'à devenir, on le lira plus bas, extrêmement sophistiqué grâce notamment aux fabricants d'harmonicas.
Une question de coordination - Aux débuts, l'harmonica était joué sur un rack avec une guitare acoustique. L'instrument --généralement un diatonique à dix trous-- était immobilisé avec son octave basse à gauche, un peu comme le clavier d'un piano. Plus récemment, de petits bricoleurs de génie ont réussi à amplifier cet accessoire de sorte qu'il est aujourd'hui possible de l'utiliser avec une guitare électrique. Pour en jouer correctement, il est indispensable d'apprendre à coordonner le mouvement de la main droite donnant la rythmique sur la guitare avec le déplacement de la bouche sur l'harmonica pour trouver les notes de la mélodie sur le sommier. Comme toute nouvelle technique instrumentale, celle-ci s'acquiert par la pratique...

Le "Flexrack" de Hohner - C'est peut-être le meilleur porte-harmonica actuellement sur le marché. Construit en acier anodisé noir, ce porte-harmonica de forme ergonomique est ajustable, sans le moindre outil, dans son inclinaison et sa hauteur. Chaque réglage est facile à effectuer avec les quatre vis à mollette qui garantissent la stabilité du rack. Une fois les réglages effectués, ceux-ci ne bougent plus lors de la mise en place/changement de l'harmonica. Il s'adapte à tous les instruments ayant jusqu'à 16,5 cm de longueur. Il est en outre confortable à porter autour du cou grâce à un revêtement caoutchouté anti-dérapant. Prix: €54,- chez Thoman.




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Robert Johnson (1911-1938): harmoniciste avant d'être
guitariste - Robert Leroy Johnson (ici à
gauche avec Johnny Shines) s'essaye, très jeune, à la guimbarde qu'il abandonne
rapidement au profit de l'harmonica pour en faire son instrument principal. A la
fin des années 1920, il se met à la guitare et se confectionne un support pour
son harmonica afin d'utiliser les deux instruments simultanément. Un film muet,
découvert dans un cinéma de Ruleville (Mississippi) représenterait le bluesman
mythique jouant avec un porte harmonica en 1936. Mis aux enchères, le document
--qui n'a jamais été authentifié-- a été acquis par un autre spécialiste de
l’harmo joué sur un rack nommé… Bob Dylan.
Bill Cox (1897-1968): celui qui a inspiré Doc Watson - Né à Eagle (Virginie de l'Ouest), William Jennings Cox apprend d'abord à jouer de la guitare avant de se mettre à l'harmonica. A partir de 1929, il enregistre des reprises de Jimmie Rodgers avant de publier ses propres ballades dont "Filipino Baby", son plus gros succès où le ruine-babines est joué sur un rack. La légende veut que c'est en écoutant les 78 tours de Cox que Doc Watson, l'un des virtusoses de ce style, découvre que l'on peut (bien) jouer simultanément des deux instruments. Cox est "redécouvert" en 1965 vivant dans le dénuement à Charleston (Virginie de l'Ouest). C'est là qu'il enregistre son dernier opus avant de disparaître en 1968.
Doc Watson (1923-2012): l'un des maîtres du style - Né à Deep Gap (Caroline du Nord), Arthel "Doc" Watson gagne sa vie comme accordeur de piano alors que, au début des années 60, explose la musique folk. Avec sa guitare acoustique, son banjo et son harmonica joué sur un rack, il commence à tourner dans les clubs et se fait remarquer en 1963 au renommé Newport Folk Festival. Le "Doc" devient rapidement l'un des maîtres du style. Le voici dans une vidéo tournée en 1980 au Cambridge Folk Festival interprétant avec son fils Merle (décédé en 1985 dans un accident de tracteur) le gospel "When I Lay My Burden Down". A la fin du document, "Doc" apporte la preuve qu'il jouait bien du ruine-babines sur un porte-harmonica...
Bob Dylan (1941): reconnaissable entre tous - Lorsqu'il est question de barde s'accompagnant simultanément à la guitare et à l'harmonica, un nom vient immédiatement à l'esprit: celui de Bob Dylan (ici avec Joan Baez). Reconnaissable entre tous, son style a fait d'innombrables émules dans le monde entier, et cela même si sa technique instrumentale a quelques lacunes. Son jeu est assez rudimentaire et fruste avec une fâcheuse tendance à bourriner. .Le voici en 1963, au moment de sa notoriété naissante, interprétant à la télévision américaine l'une de ses plus grands succès, "Blowing In The Wind".
Jimmy Reed (1925-1976): le roi de la 1ère position - Né à Dunleith (Mississippi), Jimmy Reed a eu une influence phénoménale sur nombre de bluesmen. Comme je l'ai déjà écrit ici en vous le présentant, le style de Reed était on ne peut plus simple: un rythme "boogie shuffle" un peu paresseux agrémenté d'un harmonica "country" joué, sur un rack, en 1ère position. Il fut l'un des premiers professionnels à utiliser couramment la troisième octave de notre instrument pour ses enregistrements, utilisant pour ses solos les trous 7,8, 9 et 10 où seuls les plus téméraires d'entre nous osent s'aventurer. Le voici en 1975, dans l'un de ses derniers enregistrements publics avant sa disparition. Attention: l'image et son sont malheureusement pourris...
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Doctor Ross (1925-1993): the "harmonica boss" - Né à Tunica (Mississippi), Charles Isaiah Ross apprend à jouer des tambours et de l'harmonica dès l'âge de neuf ans. D'origine Cherokee, il est appelé sous les drapeau en 1943 et est affecté dans un hôpital militaire. Démobilisé en 1947, il garde son surnom de "Doctor" et crée son "jump and jive band" qui joue dans tout le delta du Mississippi avant de disparaître des scènes. En 1954, il embauche chez le fabricant automobile General Motors à Flint (Michigan). En 1965, il fait son retour dans le métier et participe à la tournée de l'American Folk Blues Festival en Europe. À Londres, il enregistre son premier 33 tours pour Blue Horizon Records. Dans les années 80, l'Europe s'étant entiché de lui, Doctor Ross est au zénith de sa carrière alors qu'en Amérique on le connait à peine. Le voici dans le très hypnotique "Doctor Ross Boogie".
Jesse Fuller (1896-1976): le blues de la baie de San Francisco - Né à Jonesboro (Géorgie), Jesse Fuller est l'archétype de l'homme-orchestre. Chant,
guitare harmonica, kazoo et percussions: Fuller joue de tout et de tout en même temps... Avant d'être reconnu par la profession, il fait
de la figuration au cinéma dans un petit rôle du "Voleur de Bagdad" et Douglas Fairbanks lui procure la concession d'un stand de "hot dogs" en face des studios de Hollywood.
Il y vend des boissons, cire les chaussures et joue pour mériter les pourboires de ses clients. Il est essentiellement connu pour son morceau "San Francisco Bay Blues" (la vidéo est ici) qui, enregistré en 1955, a été repris depuis par Peter, Paul and Mary, et Eric Clapton sur son album "Unplugged" (1992).
Quelques autres joueurs de rack contemporains - Le ténébreux Neil Young (photo ci-contre) est sans doute avec Bob Dylan l'un des joueurs de rack les plus connus. L'harmonica est présent dans la plupart de ses chansons et son jeu est, là encore, immédiatement reconnaissable même s'il est parfois assez proche de celui de Robert Zimmermann. Dans cette vidéo datant de 1971, le Canadien interprète "Hart Of Gold", le morceau qui l'a véritablement lancé. Les premières minutes sont hilarantes...
Parmi les Français, citons Chris Lancry, l'un des pionniers du blues dans l'Hexagone. Spécialiste du "fingerpicking" à la guitare, il s'accompagne fréquemment à l'harmonica joué en rack. Après son premier album en 1971, il a publié plusieurs méthodes sur le blues. A Paris, il se produit fréquemment à l'Utopia.
"Last but not least", l'Américain Paul Oscher (photo en bas à droite) est l'un des secrets les mieux gardés de la scène contemporaine. Ancien harmoniciste de Muddy Waters, Oscher est aussi l'un des meilleurs joueurs de racks actuels. Dans la vidéo que je vous propose ici, il interprète sur un porte-harmonica "Juke", le classique des classiques de l'harmonica blues que je vous avais présenté ici. Et pas une note ne manque...
Bob Dylan (1941): reconnaissable entre tous - Lorsqu'il est question de barde s'accompagnant simultanément à la guitare et à l'harmonica, un nom vient immédiatement à l'esprit: celui de Bob Dylan (ici avec Joan Baez). Reconnaissable entre tous, son style a fait d'innombrables émules dans le monde entier, et cela même si sa technique instrumentale a quelques lacunes. Son jeu est assez rudimentaire et fruste avec une fâcheuse tendance à bourriner. .Le voici en 1963, au moment de sa notoriété naissante, interprétant à la télévision américaine l'une de ses plus grands succès, "Blowing In The Wind".
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Doctor Ross (1925-1993): the "harmonica boss" - Né à Tunica (Mississippi), Charles Isaiah Ross apprend à jouer des tambours et de l'harmonica dès l'âge de neuf ans. D'origine Cherokee, il est appelé sous les drapeau en 1943 et est affecté dans un hôpital militaire. Démobilisé en 1947, il garde son surnom de "Doctor" et crée son "jump and jive band" qui joue dans tout le delta du Mississippi avant de disparaître des scènes. En 1954, il embauche chez le fabricant automobile General Motors à Flint (Michigan). En 1965, il fait son retour dans le métier et participe à la tournée de l'American Folk Blues Festival en Europe. À Londres, il enregistre son premier 33 tours pour Blue Horizon Records. Dans les années 80, l'Europe s'étant entiché de lui, Doctor Ross est au zénith de sa carrière alors qu'en Amérique on le connait à peine. Le voici dans le très hypnotique "Doctor Ross Boogie".
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Parmi les Français, citons Chris Lancry, l'un des pionniers du blues dans l'Hexagone. Spécialiste du "fingerpicking" à la guitare, il s'accompagne fréquemment à l'harmonica joué en rack. Après son premier album en 1971, il a publié plusieurs méthodes sur le blues. A Paris, il se produit fréquemment à l'Utopia.
"Last but not least", l'Américain Paul Oscher (photo en bas à droite) est l'un des secrets les mieux gardés de la scène contemporaine. Ancien harmoniciste de Muddy Waters, Oscher est aussi l'un des meilleurs joueurs de racks actuels. Dans la vidéo que je vous propose ici, il interprète sur un porte-harmonica "Juke", le classique des classiques de l'harmonica blues que je vous avais présenté ici. Et pas une note ne manque...
- www.harmonicalessons.com/guitar: site de l'Américain David Gage. En anglais. Payant.
- www.harmonicatunes.com/harmonicaholder. Une mise d'informations, notamment sur les différents types de racks que je n'ai pas pris la peine de vous de vous présenter ici. En anglais. Semi-payant.
- Et aussi cette vidéo du "customiseur" américain Richard Sleigh pour apprendre à accompagner votre harmonica à la guitare (et non l'inverse): http://www.youtube.com/watch?v=kaB6VhuWimQ
Salut Robert, tes articles sont toujours aussi passionnants.
RépondreSupprimerMerci.
Merci Franck... Heureux qu'ils te plaisent. Mais, excuse-moi, Franck qui? Au fait, es-tu inscrit au blog? Bien à toi, qui que tu sois ;o)
RépondreSupprimerFranck croisé à St Aignan à qui tu as conseillé l'ampli VHT spécial 6...J'ai suivi tes conseils, une pure merveille!
RépondreSupprimerAh pardon... Salut l'ami. Et bien du plaisir avec ton petit "monstre". LLB
RépondreSupprimerThank you for your kind words... You may "transfer it" (where to?) as long as you quote my blog...
RépondreSupprimerLe lover bleu
Tu as tout de même oublié le très grand John Hammond Jr à mon sens le plus impressionnat avec un rack et sa Duolian National en main ;o)
RépondreSupprimerbonjour a tous,quel est le model de l'ampli que tu a conseiller a franck car il y en a 3 le (all-valve,combo et ultra head) merci
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