"Little" Walter Jacobs? Tout le monde connaît... "Big" Walter Horton? On sait qui c'est... Mais "Middle" Walter? De son vrai nom James Jones, "Middle" Walter a vraiment existé. Originaire d'Augusta (Arkansas), il s'est produit jusque dans les années 70 dans la région de Gary (Indiana).
Le chaînon manquant - Lorsque je suis tombé sur l'article publié dans le numéro 63 (printemps 2007) de "Juke Blues", le trimestriel britannique de référence pour les musiques afro-américaines, j'ai cru à un poisson d'avril et ai éclaté de rire... J'ai vite déchanté à la lecture: le magazine avait réellement trouvé le chaînon manquant entre Walter Jacobs et Walter Horton, que je vous ai présenté ici. Né James Jones le 16 juillet 1935 à Augusta (Arkansas), "Middle" Walter a reçu son surprenant nom d'artiste après s'être installé en 1951 à Gary, ville de l'Indiana distante d'à peine 50 km de Chicago (Illinois). Guitariste, Jones joue d'abord avec Eddie Taylor et Jimmy Reed, le maître de la 1ère position que je vous ai présenté ici, avant de se mettre à l'harmonica. A la fin des années 50, notre homme tourne régulièrement dans la région de Gary avec différents orchestres locaux. Ainsi, selon une biographie parue dans le numéro 74 de la revue spécialisée américaine "Living Blues" (mars-avril 1987), Jones s'est à l'époque successivement produit avec un certain Arthur "Railhead" Sanders, un batteur femme du nom de Margaret LaMarr (photo ci-dessous) et aussi "Big Daddy" Simpson, obscur chanteur de "soul" avec lequel il va enregistrer...
"Middle Walter"? Pourquoi pas? - En 1959, Jones forme avec le guitariste de "slide" Johnny Littlejohn et le frère de celui-ci un trio nommé "Jimmy and the Houserockers". C'est à ce moment que Littlejohn lui suggère un nom d'artiste. "Il existe bien quelqu'un qui s'est affublé du sobriquet bizarre de +Muddy Waters+ ("eaux boueuses", en anglais) et qui est devenu célèbre. Pourquoi ne t'appellerais-tu pas +Middle Walter+? Ca te mettrait entre le +petit+ et le +grand+", argumente le guitariste. Jones se laisse convaincre. Va pour "Middle Walter": ça fera se déplacer les foules qui feront la confusion avec Walter Jacobs, pense-t-il...
Après l'harmo, la basse - "C'était un gars sympa. Il jouait essentiellement du chromatique, un Hohner Super 64 je crois", témoigne le musicologue et harmoniciste américain Bob Corritore qui l'a fréquenté dans les années 80. "Je l'ai rencontré en 1980 dans la Poinciana Lounge, sur Lake Street dans le West Side de Chicago. Il s'était reconverti, jouait de la basse et travaillait en tandem avec le batteur Kansas City Red", poursuit Corritore. "Il m'a confessé qu'il n'avait rien enregistré sous son nom mais que, dans les années 60, il avait accompagné +Big Daddy+ Simpson sur une galette enregistrée chez +m-pac records+, une petite compagnie de Chicago spécialisée dans la +soul+ qui a produit des artistes passés depuis par pertes et profits", se souvient Corritore. Ce 45 tours, je l'ai retrouvé (photo ci-bas)! Publié le 14 janvier 1963 (l'année où Little Walter sortait "Up The Line") sous le numéro 7224, le "single" a été façonné par le saxophoniste Monk Higgins, l'un des producteurs de "Blood, Sweat and Tears". La face A propose sous le titre "You Don't Believe A Word I Say", un "shuffle" à mi-tempo tandis que la face B, "What Can I Do", est un blues lent. Sur les deux pièces, "Middle Walter" révèle un jeu solide, dans la tradition du blues électrifié de la "Windy City"...
Un autre "Big Daddy" et une "Sugar Pie" - Par la suite, et toujours selon "Living Blues", notre "Middle Walter" enregistre avec le guitariste Melvin Simpson, le fils de "Big Daddy". Selon "Blues Records", la discographie de référence de Mike Leadbitter et Neil Slaven (Record Information Services), les quatre faces de cet enregistrement --"Someday Baby", "I'm In Love With You" et "So Hard" 1 & 2-- auraient été ré-édités dans le cadre d'une compilation japonaise. Dans les années 80, "Walter du Milieu" poursuit sa carrière chez un autre "Big Daddy", celui du Kinsey Report où il remplace Nate Armstrong avant d'intégrer la formation de la chanteuse "Sugar Pie" DeSanto. Affligé de problèmes respiratoires, Jones décède le 1er novembre 1986 à Gary d'un arrêt cardiaque.
"Middle Walter"? Pourquoi pas? - En 1959, Jones forme avec le guitariste de "slide" Johnny Littlejohn et le frère de celui-ci un trio nommé "Jimmy and the Houserockers". C'est à ce moment que Littlejohn lui suggère un nom d'artiste. "Il existe bien quelqu'un qui s'est affublé du sobriquet bizarre de +Muddy Waters+ ("eaux boueuses", en anglais) et qui est devenu célèbre. Pourquoi ne t'appellerais-tu pas +Middle Walter+? Ca te mettrait entre le +petit+ et le +grand+", argumente le guitariste. Jones se laisse convaincre. Va pour "Middle Walter": ça fera se déplacer les foules qui feront la confusion avec Walter Jacobs, pense-t-il...
Après l'harmo, la basse - "C'était un gars sympa. Il jouait essentiellement du chromatique, un Hohner Super 64 je crois", témoigne le musicologue et harmoniciste américain Bob Corritore qui l'a fréquenté dans les années 80. "Je l'ai rencontré en 1980 dans la Poinciana Lounge, sur Lake Street dans le West Side de Chicago. Il s'était reconverti, jouait de la basse et travaillait en tandem avec le batteur Kansas City Red", poursuit Corritore. "Il m'a confessé qu'il n'avait rien enregistré sous son nom mais que, dans les années 60, il avait accompagné +Big Daddy+ Simpson sur une galette enregistrée chez +m-pac records+, une petite compagnie de Chicago spécialisée dans la +soul+ qui a produit des artistes passés depuis par pertes et profits", se souvient Corritore. Ce 45 tours, je l'ai retrouvé (photo ci-bas)! Publié le 14 janvier 1963 (l'année où Little Walter sortait "Up The Line") sous le numéro 7224, le "single" a été façonné par le saxophoniste Monk Higgins, l'un des producteurs de "Blood, Sweat and Tears". La face A propose sous le titre "You Don't Believe A Word I Say", un "shuffle" à mi-tempo tandis que la face B, "What Can I Do", est un blues lent. Sur les deux pièces, "Middle Walter" révèle un jeu solide, dans la tradition du blues électrifié de la "Windy City"...
Un autre "Big Daddy" et une "Sugar Pie" - Par la suite, et toujours selon "Living Blues", notre "Middle Walter" enregistre avec le guitariste Melvin Simpson, le fils de "Big Daddy". Selon "Blues Records", la discographie de référence de Mike Leadbitter et Neil Slaven (Record Information Services), les quatre faces de cet enregistrement --"Someday Baby", "I'm In Love With You" et "So Hard" 1 & 2-- auraient été ré-édités dans le cadre d'une compilation japonaise. Dans les années 80, "Walter du Milieu" poursuit sa carrière chez un autre "Big Daddy", celui du Kinsey Report où il remplace Nate Armstrong avant d'intégrer la formation de la chanteuse "Sugar Pie" DeSanto. Affligé de problèmes respiratoires, Jones décède le 1er novembre 1986 à Gary d'un arrêt cardiaque.
Toujours, TOUJOURS aussi intéressant et finement commenté, Lover! Quelle qualité dans l'information, autant que dans la façon!
RépondreSupprimerReçois ici toute ma gratitude...
Merci Djiphi... Je ne sais pas véritablement pourquoi j'écris, mais j'écris. Heureux que tu y trouves ton bonheur.
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