Floyd "Salty" Holmes, l'homme qui faisait parler l'harmonica

L'harmonica est, dit-on, l'instrument s'approchant le plus de la voix humaine. Personne n'a poussé ce mimétisme de la "talking harp" aussi loin que Floyd "Salty" Holmes.


Les inflexions de la voix humaine - En écoutant, pour la première fois et à l'instigation du P'tit Loup, la vidéo que je vous présente ici, j'ai d'abord crû entendre Sonny Terry. Une rapide recherche sur le net devait m'apprendre qu'il s'agissait en fait de Floyd "Salty" Holmes, un virtuose de notre instrument qui fit au siècle dernier une très honorable carrière de musicien "country" et d'acteur spécialisé dans les séries B. Mais il sera surtout remémoré comme l'un des maîtres de la "talking harp", un sous-genre musical où l'harmonica imitait quasiment à la perfection les inflexions de la voix humaine... La démonstration la plus éclatante en est faite ici avec son titre fétiche, "I Found My Mama", qu'il a enregistré à deux reprises: une première fois en 1933 avec ses "Brown County Boys", version disponible sous le titre "I Want My Mama" chez Yazoo, et une deuxième fois  en 1948 avec son épouse Mattie O'Neil (Decca #46116):




Avec Patsy Montana - Né le 6 mars 1909 à Glasgow (Kentucky), Floyd Holmes fonde son premier groupe, "The Kentucky Ramblers", en 1930. Trois ans plus tard, la formation rebaptisée "The Prairies Ramblers" est devenue l'orchestre "maison" de la station WLS, l'une des plus importantes radios AM de Chicago. Outre l'harmonica, Floyd y joue de la guitare et du jug (pichet), Chick Hurt est à la mandoline, Alan Crocket et, plus tard, Tex Atchison au violon et Jack Taylor tient la basse. Spécialisé dans la "country", la musique hillbilly et le gospel, le groupe effectue plus d'une centaine d'enregistrements entre 1933 et 1940, devenant en cela le précurseur de la musique dite "de cow boy" aux Etats-Unis. Il sert également de "back up" à des artistes tels Gene Autry et Patsy Montana avec laquelle il grave "I Want To Be A Cowboy's Sweetheart" qui se vend à plus d'un million d'exemplaires.


En ménage avec la "reine du rock'n roll" - En 1947, Holmes rencontre et épouse Mattie O'Neil, l'une des trois "Sunshine Sisters", le premier "groupe de filles" de la musique country. Le couple --elle au chant et à la guitare, lui à l'harmonica-- entreprend une carrière dans la télévision, le "nouveau media" de l'époque et se produit notamment dans "The Old American Barn Dance", l'une des premières émissions de variétés devenue par la suite "The Grand Old Opry", le cultissime show country. Mattie et "Salty" y sont régulièrement invités. J'ai déniché pour vous sur ioutoube l'une de leurs prestations dans laquelle Holmes démontre sa maîtrise de l'harmonica dans un "boogie woogie" particulièrement enlevé. Le succès frappe à la porte en 1951  avec le titre "What Am I Gonna Do" mais en 1956, le couple divorce. Mattie devient, sous le pseudonyme de Jean Chapel, la "reine du rock'n roll" que RCA, sa maison de disques, vend comme l'"Elvis Presley féminin". Avec son sobriquet de "Harmonica Maestro", Holmes retente sa chance à Hollywood où il avait déjà joué dans deux westerns, "Arizona Days" (1936) et "Saddle Leather Law" (1944)...





Le précurseur de "Thriller"... - Dans "Arizona Days" où il tient un rôle de métayer, Holmes s'était  livré à un numéro qui avait fait date en jouant simultanément de deux harmonicas, le premier avec la bouche et le second avec le nez... Il se retire finalement du chaud business et épouse en 1966 Marjorie Ebbert. Il décède quatre ans plus tard, le 1er janvier 1970, à Elwood (Indiana) où il repose dans le Sunset Memorial Park. Marjorie l'y rejoint en 1991. Voici pour conclure "The Ghost Song", l'un des titres les plus populaires de Holmes enregistré dans les années 50 pour Decca. Le précurseur du "Thriller" de Michael Jackson...


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