Vidéo de la semaine: un harmoniciste renversant de 16 ans!

L'extraordinaire vidéo que vous pouvez voir ci-dessous est extraite de "Pigskin Parade", un film américain réalisé par David Butler et sorti en 1936. Un jeune harmoniciste de 16 ans, Robert McClung, y démontre tout ce qu'il est possible de faire avec notre instrument. Et c'est proprement renversant! Né le 20 septembre 1920 à Fayetteville (Virginie de l'Ouest), McClung s'était d'ailleurs spécialisé dans les rôles d'harmonicistes. On peut ainsi le voir jouer dans quatre films sortis en 1937:  "Wild West Days", "Paradise Express, "Two Wise Maids" et "Battle of Greed". McClung est mort le 27 janvier 1945 à Columbia (Caroline du Sud).

 

Micros spécial harmo: des "phares de vélo" à gogo (suite...)

A la demande générale, voici la (première) suite de ma série "Micros spécial harmo en phare de vélo" inaugurée hier... Il y en aura d'autres!


De gauche à droite:

- Clifton (sans nom ou numéro de modèle) - Micro américain apparemment de marque Clifton et datant probablement de la fin des années 30 ou du début des années 40. Aucune indication sur la cellule.

- Dynamax SSS (élément de type dynamique) - Micro australien de la firme Dynamax datant des années 60. Plus petit qu'un "Green Bullet" Shure mais construit comme un char d'assaut, il se cale parfaitement dans de petites mains.

- Ellipsoid (sans nom ou numéro de modèle) - Un autre micro australien mais de la marque Ellipsoid. A peu près de la taille d'un Astatic JT-30. La face avant, plate, se prête magnifiquement à la pratique de l'harmo. Aucune indication sur la cellule.

- Electar (sans nom ou numéro de modèle) - Filiale du luthier américain Epiphone, Electar a produit des micros mais aussi des amplis dans les années 40, 50 et 60. Remarquez le bouton de volume sur le côté. Aucune indication sur la cellule.


Toujours de gauche à droite:

- Geloso M-400 (élément de type cristal) - Micro "à boule" de marque Geloso. L'Argento-italien John Geloso s'est établi dans les années 20 aux Etats-Unis où il a conçu et fabriqué des micros.

- Hornet (élément de type diaphragme) - Fabriqué en Chine, ce micro spécialement conçu pour l'harmonica commence à être disponible en Europe. Vente sur eBay uniquement.

- Kent AMD (élément de type cristal) - De fabrication japonaise, ce microphone de bas de gamme Kent est entièrement en bakélite. Léger certes mais fragile...

- Klangfilm KLM-063 - Fabriqué par l'allemand Schoeps pour Klangfilm, une filiale du groupe Siemens, le KLM-063 a été conçu pour la prise de son de cinéma. Aucune indication sur la cellule.

(A suivre...)

Micros spécial harmo: des "phares de vélo" à gogo...

Le micro en forme de phare de vélo est à l'harmonica blues ce que le fer est au cheval et la rampe à l'escalier: indissociable! En ce domaine, le JT-30 "Spokesman" d'Astatic et le 520 "Green Bullet" de Shure sont incontournables... Vraiment? En fait, il existe une fouletitude de micros des années 50 et 60 présentant une ergonomie similaire mais qui sont mal connus des harmonicistes. En voici quelques exemples. Je rappelle cependant que l'important, pour un micro d'harmo, ce n'est pas son "look" mais la manière dont il sonne. Je vous renvoie à ce propos à ces deux "posts" précédents, ici et ici...


Voici donc, de gauche à droite:

- Aiwa M-120 (élément de type cristal) -  Entreprise d’électronique japonaise fondée en 1951, Aiwa se développe dans les années 70 et  80 et au début des années 1990. La société produit notamment les premiers enregistreurs de cassettes, les premiers postes stéréo et les premières cassettes audio numériques (Digital Audio Tape, DAT). Mais à la fin des années 90, la firme n’arrive plus à fournir des produits attendus par les consommateurs et est rachetée en 2002 par Sony.

- American C7-H (élément Hi-Z, haute impédance) - Un micro américain fabriqué dans les années 50 par la American Microphone Company de Pasadena (Californie). Incapable d'imposer ses micros dans les studios d'enregistrement, la firme est absorbée par son concurrent Electro-Voice dans le milieu des années 50.

- Argonne AR-54 (élément de type cristal) - Fabriqué au Japon, ce fut l'un des micros de prédilection de "Big" Walter Horton. D'ordinaire disponible dans une couleur vert pomme, voici un exemplaire "customisé" par votre serviteur. Attention: grosses paluches indispensables pour obtenir une chambre hermétique.

- Atlas Sound (sans nom ou numéro de modèle) - Micro en bakélite (et donc léger!) fabriqué dans les années 60 par la firme américaine Altlas Sound de Phoenix (Arizona) et dans lequel il facile d'installer une cellule Astatic ou Shure.


Et toujours de gauche à droite:

- Babydoll (sans nom ou numéro de modèle) - Un micro dont je ne sais absolument rien et que j'ai trouvé, il y a déjà quelque temps, sur le net. Le connecteur, un 2501 "screw on" d'Amphénol, indique qu'il s'agit probablement d'un micro d'harmoniciste. Pas d'indication sur la capsule se trouvant à l'intérieur.

- Beyerdynamic M-26 (élément dynamique) - Micro fabriqué au début des années 50 par la firme allemande Beyerdynamic. Même si la capsule n'est pas indiquée pour l'harmonica (saturation difficile à obtenir), il s'agit néanmoins d'un micro intéressant par son ergonomie parce que parfait pour les petites mimines.

- Brush HRD-H17 (élément de type cristal)- Fabriqué par la firme américaine Brush Acoustical Microphone de Cleveland (Ohio), le HRD-H17 rappelle par ses lignes le design des limousines des années 50 qui peuplaient les films "noirs" de l'époque. A moins de limer l'aileron du dessus, un micro difficile à tenir correctement...

- Calrad DM-600 (élement de type cristal) - Ce microphone en bakélite de la firme américaine Calrad Electronics ressemble à s'y méprendre à l'Atlas Sound présenté plus haut.

(A suivre...)

"Lonesome" Dave Ferguson, le frérot de "Son of Dave"

"Son of Dave" (SOD) a un frère  et il s'appelle "Lonesome" Dave (sic!)  Ferguson. Cet harmoniciste sud-africain  de  39 ans se revendique de la même musique faite de rythm'n blues, de beat box, de hip hop et d'électronique qui fait le succès de SOD. Peu connu du grand public en Europe, Ferguson s'est forgé un son où le pathos de la guitare "slide" le dispute à  l'angoisse de l'harmonica, le tout doublé d'un "groove" à faire danser un cimetière. Grand voyageur, il vit actuellement à Savone (Italie) et devrait tourner en Europe cet été.
Millefeuille musical - "C'est mon pote Benjamin Darvill, ancien membre des +Crash Test Dummies+ et aujourd'hui mieux connu sous le sobriquet de Son of Dave, qui m'a initié aux +loops+ (boucles sonores) alors que je vivais à Londres dans les années 2000", a expliqué Ferguson dans un interview donnée récemment au téléphone au Lover bleu. "L'idée consiste à enregistrer une courte phrase musicale et à y superposer d'autres pour construire une base rythmique sur laquelle on peut improviser. Ce millefeuille musical constitué, tout peut arriver: chanter un peu, jouer un peu, une strophe, un refrain, un solo, merci beaucoup et bonne nuit!". Comment ça sonne ? En voici un exemple dans la vidéo ci-dessous. La pièce s'intitule "Last train gone" et a été enregistrée en mai dans un club de Milan (Italie):


   

Quels effets ? - "Pour les lignes de +drum beat+, j'utilise ma voix que je fais passer par une pédale Boss RC-2 Loop Station avec laquelle je superpose les couches du +groove+. Pour les lignes de basse, je me sers de mon harmonica et d'une pédale d'octave Danelectro. J'ai également un +delay+, un +chorus+ et une pédale Lone Wolf, la +Harp Attack+. Pour certains +plans+ rythmiques, j'ai des harmos accordés en mineur tandis que pour les soli, je joue des Seydel 1847".



Sa vie, son oeuvre - Dave Ferguson commence à jouer de l'harmonica à 17 ans en explorant le blues, le rockabilly et la country dans des groupes au Cap, sa ville natale. Il enregistre "Vuur en Vlam", une galette primée de ValiantSwart et d'Ollie Viljoen. On l'entend également sur "CountryGirl", un opus remarqué de Cheree. Il écrit le thème du générique d' »Innocent Times », une mini-série de M-Net TV, chaîne de télévision filiale de MTV diffusée sur l'internet. En 1995, il quitte l'Afrique du Sud pour s'installer d'abord à Nashville (Tennessee) puis à Londres où il passe douze ans. Là, il travaille avec Sophia, The Arlenes, Emily Barker, Hucklebuck, John Townes Van Sandt, The Ian Siegel Band (où il remplace Lee Sankey), King Deluxe, Alva Skully, the London StreetBlues Band et le Dave Clarke's Blues of Cain. En 2003, il est recruté par Mickey Harte, candidat de l'Irlande au concours Eurovision de la chanson avec « We've got the world ». La galette, où il joue sur un titre, finira double album de platine (150.000 exemplaires vendus). Revenu dans la capitale britannique, il rencontre Benjamin Darvill (Son of Dave) avec lequel il développe ce qu'il appelle du « blues transe et country dub ». En 2010, il s'installe en Italie.
Contacts:
Sa devise - "Je me suis fait tout seul et je tiens à le rester"

Samuel Hinton: un géant de l'harmonica diatonique (2/3)

Voici la deuxième série de vidéos laissées par Samuel Hinton, un géant de l'harmonica diatonique dont je vous parlé récemment ici. Hinton y aborde son (ses) style(s) et son approche de notre instrument. En vous souhaitant un bon visionnage.



  
(A suivre...)

Le "Millioniser", un synthé qui se contrôle avec un harmo (2/2)

Développé avec Suzuki et Motorola - Le "Millioniser" a été développé entre 1979 et 1984 sur le principe du "Lyricon" par Ronald Schlimmer, un électronicien de la firme suisse SM Elektronik, à partir d'une idée de l'harmoniciste suisse Walter Mueller (photo ici à gauche). Lorsque les deux hommes s'engagent dans l'aventure, Mueller a déjà construit un prototype à partir d'un synthétiseur analogique Roland Promars. Mais l'unité de contrôle ("l'harmonica") est encombrante même si elle dispose déjà des principales fonctions des différents modèles à venir. Un informaticien suisse, Urs-Peter Studer, s'attelle au développement d'une nouvelle unité de contrôle et les "Millioniser" de première génération sont assemblés par la société britannique Acorn Computers, le fabricant du BBC Micro. Confrontés à des coûts de fabrication exhorbitants, Mueller et Schlimme s'allient rapidement avec le japonais Suzuki et l'américain Motorola. Des essais sont réalisés avec le Modularsystem 100M et un Jupiter 4 de Roland ou encore un Moog Prodigy. Ayant trouvé des capitaux à Londres, Mueller et Schlimme lancent en 1983 la fabrication du "Millioniser 2000", un projet repris à zéro, de l'unité de contrôle à l'électronique et et à la programmation. Et en avril 1984, le nouveau modèle est présenté à Zurich et à Bâle (Suisse).
La retape d'Erikson - Ces présentations ne suscitent qu'un intérêt mitigé dans le Landerneau et Mueller fait appel à l'Américain Rock Erickson, spécialiste des musiques électroniques représenté ici à droite, pour assurer la promo du nouvel instrument. Erikson adapte le "Millioniser" à ses synthés personnels --Garritan Personal Orchestra, Roland Sound Canvas, Yamaha VL70, Sample Tank et Tascam Giga Studio-- et produit plusieurs vidéos pour faire sa retape. Dans celle que vous pouvez voir plus bas à droite, il s'agit d'un thème composé en 1992 pour Halloween. "J'ai voulu montrer comment les sons d'un +Millioniser+ pouvaient s'intégrer à ceux d'harmonicas plus classiques comme un Huang 1248 chromatique, un Huang basse et un harmonica d'accords Hohner", a-t-il expliqué. Aux Pays-Bas, l'harmoniciste chromatique Wim Dijkgraaf s'intéresse à l'instrument et publie en 1997 sur le forum américain Harp-L un banc d'essai exhaustif. Dans la deuxième vidéo ici à gauche, Wim montre combien il maîtrise l'instrument.


Pour en savoir davantage - Bien que porté la vague "techno" des années 90, le "Millioniser" ne réussit pas véritablement à s'imposer parmi les amateurs de sons synthétiques et/ou les harmonicistes. Mueller essaie bien de convaincre le fabricant allemand Hohner de manufacturer et distribuer l'instrument mais la firme de Trossingen refuse. D'autant que des professionnels reconnus, tel Steve Baker, estiment que l'instrument n'a que peu d'intérêt et qu'un clavier constitue encore la meilleure approche pour contrôler un synthé. Au début des années 2000, Mueller arrête les frais et la fabrication. Le "Millioniser" reste pourtant toujours disponible. Il semble même très demandé puisque des modèles révisés sont vendus... 2.500 francs suisses en promotion, soit environ 1.800 euros!

(Fin)

Le "Millioniser", un synthé qui se contrôle avec un harmo (1/2)

De quoi s'agit-il ? - Le "Millioniser" (prononcez "mi - lio - na - isère") est un synthétiseur qui se joue et se contrôle avec un harmonica! Comme on peut le voir sur la photo ci-contre, cet instrument de musique (car c'est bien d'un instrument qu'il s'agit) est composé de deux unités: la première, l'unité de contrôle, est constituée par l'"harmonica" dont on peut voir, à l'avant, les deux pattes de l'embouchure; la seconde contient le synthétiseur à proprement parler, le système opérationnel, un pré-amplificateur et une interface numérique pour instrument de musique ("musical intrument digital interface" ou Midi). L'intérêt du binz, me demandez-vous? Donner, avec du souffle, de la subjectivité et de l'émotion à des sons numérisés et pré-enregistrés qui, d'ordinaire, sont "froids" et "plats". Voici comment...
Comment il marche, le bidule ? - Les deux vidéos ci-dessous expliquent (en anglais) le fonctionnement du "Millioniser" dans les moindres détails. Première remarque: l'unité de commande (l'harmonica) du "Millioniser", dont on peut voir ici à droite un "écorché", se joue comme n'importe quel  ruine-babines, en soufflant et en aspirant ! Deuxième observation: sa tessiture est organisée, sur trois octaves, comme celle d'un harmonica chromatique mais sans double Do. Troisième constatation: toutes les techniques de jeu, des plus classiques ("tongue blocking") aux plus évoluées ("overbends"), peuvent être utilisées avec des résultats sonores étonnants.


 
Au commencement était le "Lyricon" - En 1971, deux Américains, William Bernardi et Roger Noble, déposent un brevet pour un instrument de musique électronique commandé par le souffle ou, dit autrement, un synthétiseur à vent. Ils baptisent leur invention du doux nom de "Lyricon". Suivent le "Lyricon II" et le "Wind Synthesizer Driver" présenté ici à gauche. L'instrumentiste souffle dans une clarinette basse modifiée dont chaque touche est équipée d'un contacteur transmettant un signal à un synthétiseur. L'instrument peut jouer sur trois octaves et les doigtés, proches de ceux du saxophone, sont (presque) les mêmes pour chaque octave. Les paramètres sonores sont contrôlables sur la console du synthétiseur: hauteur du diapason (Si bémol, Ut, Mi bémol), variations d'intensité et de hauteur relative (pression de la lèvre sur le bec, glissando), durée du son (souffle, "delay"). Plusieurs sorties sont possibles permettant de commander d'autres synthétiseurs ou d'autres effets pilotés manuellement à partir de la console ou par des pédales d'effets. En 1980, un "Wind Synthesizer Driver" est utilisé par le saxophoniste américain Richie Cannata pour l'enregistrement du disque "Glass Houses" du chanteur pop Billy Joel. Dans les années 90, Akai produit pour les professionnels sa série EWI dont les ventes sont dopées par les performances techniques qu'y réalise le saxophoniste Michael Brecker.

(A suivre...)

Saint-Aignan: Harmonicas-sur-Cher 2011


Voici un diaporama, fourni par Jean-Mi (du forum de l'école d'harmonica de Paul Lassey) de l'édition 2011 du festival Harmonicas-sur-Cher de Saint-Aignan (Loir-et-Cher). Bon visionnage.


Samuel Hinton: un géant de l'harmonica diatonique (1/3)

Lorsqu'il s'est acheté son premier harmonica à
l'âge de cinq ans, Sam Hinton s'était mis dans la tête d'apprendre et de jouer tous les morceaux qu'il entendrait. A sa mort, 87 ans plus tard, il avait enregistré près d'un millier de titres, écrit une dizaine de bouquins, illustré une quinzaine d'autres et dirigé pendant près d'un demi-siècle l'institut océanographique de l'université de Californie à San Diego. Quoique méconnu du grand public, Hinton laisse une trace indélébile dans l'histoire de l'harmonica diatonique.



Samuel Hinton ( 31 mars 1917 - 10 septembre 2009)

Sa vie, son oeuvre - Sam Hinton est né le 31 mars 1917 à Tulsa (Oklahoma) mais a grandi à Crockett (Texas). Après des études de zoologie à l'université du Texas A&M, il s'installe à Washington et commence à faire des illustrations scientifiques pour le musée Smithsonian. En 1937, un trio qu'il avait formé avec ses deux soeurs, Ann and Nell, le "The Texas Trio", gagne une compétition d'amateurs. En 1940, Hinton s'installe à Los Angeles (Californie) où il étudie la biologie marine avant d'être nommé, en 1946, curateur du musée d'océanographie de l'université de Californie à San Diego. Un an plus tard, il enregistre 56 titres pour la Librairie du Congrès, dont "Buffalo Boy" et le "Barnyard Song". Les enregistrements se succèdent alors pour Columbia (1950) et Decca qui publie en 1952 "Folk Songs of California". Il signe ensuite chez Folkways avant d'animer dans les années 60 une série télévisée sur la musique folk. Sa dernière apparition publique date du 11 mai 2002 au Folk Heritage Festival de San Diego avant sa disparition, le 10 septembre 2009.

Bibliographie:
"Seashore Life of Southern California; an introduction to the animal life of California beaches south of Santa Barbara", University of California Press (1969)
"Exploring under the sea", illustré par Rudolf Freund, Garden City Books (1957)
"History of the Scripps institution of oceanography", La Jolla (1951)

Discographie:
"Sam Hinton: Master of the Solo Diatonic Harmonica", The Library of Congress Recordings (1947)
"Sam Hinton Sings the Song of Men", Folkways Records (1961)
"Singing Across The Land with...", Decca #DL-8108 (1955)
"The Wandering Folksong", Folkways Records #FA2401 (1966)
"I'll Sing You a Story", Folkways Records (1972)
"Whoever Shall Have Some Good Peanuts" Smithsonian Folkways (2006)

Visionnage conseillé - Sam Hinton a laissé une série de 17 vidéos dans lesquelles il explique son (ses) style(s) et son approche de l'harmonica diatonique. Voici les quatre premières:



   (A suivre...)

Jerry "Boogie" McCain: lorsque le blues s'habille en rock'n roll

Il a composé "Steady", l'instrumental d'harmonica le plus joué et le plus repris, avant même le "Juke" de Little Walter (voir plus bas). Jerry "Boogie" McCain, 81 ans aux prunes, est à notre instrument  ce que Link Wray fut  à la guitare et Esquerita au piano: un fou! Dès ses premiers enregistrements dans les années 50, il a habillé  la petite musique du diable en rock'n roll et en punk et elle ne s'en est pas vraiment remis depuis. Il a tourné avec les Drifters, les Temptations et Freddy King. Retiré des affaires depuis la fin des années 80 --il a quitté son emploi de détective privé--, il lui arrive encore de se produire dans son club de Gadsden (Alabama).
Jerry "Boogie" McCain (18 juin 1930 - )

Ses enregistrements de référence - “Steady”, “Geronimo Rock & Roll”, “She’s Tuff”, “Honky Tonk Parts 1 & 2″, “Midnight Beat”.

Ses labels et maisons de disques - Trumpet (début des années 50), Continental, Rex, Excello et Okeh (des années 50 au milieu des années 60), Jewel (milieu des années 60 au début des années 70), Bad et Heart (années 80), Ichiban (fin des années 80 et début des années 90), Music Maker, Boogie Down et Jericho (années 2000).

Sa vie, son oeuvre -  Harmoniciste relativement obscur, Jerry McCain restera dans l'histoire de notre instrument comme le compositeur des deux morceaux les plus repris de l'harmonica blues: « Steady » et « She's Tough », deux faces d'un 45 tours gravé en 1960 pour Rex Records. Les Fabulous Thunderbirds de Kim Wilson ont ainsi fait figurer « She's Tough » sur leur premier album, « Girls Go Wild », sorti en 1979. Voici cette version avec un Kim à la chevelure encore relativement fournie, Jimmie Vaughan à la guitare, Keith Ferguson à la basse et Mike Buck à la batterie:



Né le 18 juin 1930 à Gadsden (Alabama), McCain débute dans la carrière en rencontrant Little Walter Jacobs dans sa ville natale en 1953. La même année, il enregistre  dans son salon onze blues dopés au rock'n roll et les fait publier sur Trumpets Records par Lillian McMurry, l'un des producteurs les plus influents de l'époque qui, quelques années auparavant, avait  découvert Elmore James. De cette époque, voici "Geronimo Rock", un titre, comment dire, sauvage...




En 1955, McCain, qui a gagné son sobriquet de "Boogie", signe chez Excello, un label de Nashville (Tennessee) où il produit quelques bonnes galettes mais sans l'énergie brute de ses premiers enregistrements. Passé l'épisode Rex Records, zenith de sa carrière, il tombe dans un anonymat relatif et tourne avec diverses formations pendant une vingtaine d'années. En 1989, il signe chez Ichiban Records dont les productions révèlent un artiste arrivé à maturité et en pleine possession de ses moyens bien qu'âgé de 60 ans. En 1997, McCain joue au Lincoln Center de New York avec l'orchestre symphonique de sa ville natale un "Concerto pour harmonica blues et orchestre" composé par Julius Williams. Depuis, il est rangé des voitures...

Ecoute conseillée
- “Rockin’ Harmonica Blues Men” (Wolf): quelques enregistrements des années 50 avec notamment  le trompettiste de jazz Kid Thomas.
- “Strange Kind Of Feeling” (Alligator): des reprises du label Trumpet, une intéressante collaboration avec le "shouter" Tiny Kennedy.
- “Tuff Enuff – Ace Blues Masters” (Westside): une compilation incluant ses deux grands succès, “Steady” et “She’s Tough”.

Discogaphie - Sa discographie complète est ici: http://koti.mbnet.fi/wdd/jerrymccain.htm

"Steady" - Et pour le dessert, voici la tablature de "Steady" mise à ma disposition, libre de droits, par David Barrett et son école du blues.




Pépite de la semaine: Elmon Mickle alias "Model T Slim"

Né le 24 février 1919 quelque part dans l'Arkansas, Elmon Mickle a grandi en Californie où il s'est produit sous les pseudonymes de "Driftin' Slim" et de "Harmonica Harry". Sur le titre posté ici, il apparaît sous le nom de "Model T Slim". Homme-orchestre (il jouait non seulement de notre instrument mais également de la guitare et de la batterie), son jeu d'harmonica était fortement influencé par Sonny Boy Williamson II. Mickle est mort le 15 septembre 1977.
Album: "Downtown Rockin' At The Striptease Club 500"
Morceau posté: "Shake Your Boogie" (2'36")
Label: BSharp n° 666/8
Année de publication: 1966

Vidéo de la semaine: comment jouer de l'harmo-nez-ca

Absolument sans commentaire... Une raison éclatante pour ne jamais jouer l'harmonica de quelqu'un d'autre!


Joe Hill Louis: le roi des hommes-orchestre

Le "groove" lancinant de John Lee Hooker, les "plans" dépouillés de Sonny Boy Williamson II et les mélodies électrisantes du Dr Ross: Joe Hill Louis était tout cela à la fois. Guitariste au son électrique lourd et saturé, harmoniciste dans la riche tradition de Memphis (Tennessee), percussionniste efficace, il s'est imposé dans les années 50 comme le "roi" des hommes-orchestre. Sous le sobriquet de "Be-Bop Boy", il a enregistré pour Sam Phillips et a accompagné Rufus Thomas. En 1957, il est emporté par le tétanos. Il n'avait pas 36 ans...
Lester Hill, dit "Joe Hill Louis"
(23 septembre 1921 – 05 août 1957)

Ses enregistrements de référence - "Boogie In The Park", "I Feel Like A Million", "Western Union Man", "Cold Chills", "Tiger Man", "Hydramatic Woman".

 Sa vie, son oeuvre - Né Lester Hill le 23 septembre 1921 à Froggy Botttom ou Raines (Tennessee), Joe Hill Louis s'est retrouvé à la rue à 14 ans, au remariage de son père. Sans abri et en voie de clochardisation, il est recueilli par les Canale, une riche famille bourgeoise de Memphis qui en fait d'abord son domestique puis son chauffeur. C'est en séchant à coups de poing un petit caïd local qu'il gagne son premier nom de scène, Joe Louis, patronyme d'un champion de boxe de l'époque. Hill apprend en autodidacte la guitare, l'harmonica, la batterie et la guimbarde et décide de jouer, seul et ensemble, ces instruments pour ne pas avoir à partager ses cachets. En 1949, il anime sous le sobriquet de "Be-Bop Boy" une émission de blues sur la radio WDIA de Memphis. "Pepticon", fabricant d'un alcool de grain vendu en pharmacie, "sponsorise" rapidement l'émission et Hill devient le premier "Pepticon Boy". Le guitariste BB King sera le suivant... En novembre de la même année, l'un de ses mentors, Drew Canale, lui fait enregistrer quatre titres pour Columbia Records. Ces galettes attirent l'attention de Sam Phillips, un ingénieur du son qui n'avait pas encore créé le célébrissime label Sun Records. Hill enregistre deux titres, « Boogie In The Park » et « Gotta Let You Go », sur un 78 tours impossible à trouver aujourd'hui:



Ayant fondé Sun, Phillips reste fidèle à son artiste noir, l'un des seuls qu'il ait mis en boîte pendant sa longue et brillante carrière. Entre 1950 et 1953, Hill enregistre à seize reprises des titres qui sont publiés par Modern Records, un label de Los Angeles (Californie). Il publie notamment "Tiger Man", un  titre repris en 1993 par l'harmoniciste Kim Wilson. Dans la version postée ci-après, l'harmonica est joué par "Big"
 Walter Horton:



Hill enregistre encore avec Rufus Thomas avant de quitter Sun pour Meteor Records. Bien que n'étant pas originaire de Chicago (Illinois) ni ne portant le sobriquet de "Chicago Sunny Boy", il met en boîte sous ce pseudonyme, et probablement pour faire bouillir la marmite, l'un de ses meilleurs titres, "Western Union Man". La pièce a été publiée en 1953, sous le numéro 5004, par Meteor Records, à l'époque l'un des grands labels de blues de Memphis. A l'écoute, l'on s'imprègne avec bonheur du son primitif et puissant qui assura à Hill son succès phonographique.



En 1957, Hill s'inflige une profonde coupure à un doigt en faisant du jardinage pour les Canale. Quelques jours plus tard, il s'effondre alors qu'il joue sur Beale Street à Memphis. Le 05 août, il décède du tétanos à l'hôpital John Gaston où la chanteuse de blues Bessie Smith avait succombé, deux décennies plus tôt.