Whammer Jammer: lemme hear you, Dickie...

Depuis sa sortie en 1971, "Whammer Jammer", instrumental de "Magic Dick", a suscité d'innombrables vocations d'harmoniciste.

A l'origine, Richard "Magic Dick" Salwitz était saxophoniste et trompettiste. Il ne s'est vraiment mis à l'harmo qu'en 1968 lorsqu'il fondé avec John "J" Geils (guitare et chant) et Danny Klein (basse) le "J. Geils Band" à Worcester (Massachusetts). Trois ans plus tard, renforcé par Peter Wolf (chant), Seth Justman (claviers) et Stephen Bladd (batterie, chant), le groupe sort sur son deuxième album, "The Morning After", "Whammer Jammer", un instrumental de deux minutes 37 secondes qui le va propulser au sommet des "charts". Depuis, des milliers d'instrumentistes se sont frotté au morceau qui, de l'avis général, est loin d'être de la tarte à jouer. Voici un enregistrement datant de 1979 alors que le groupe était à son apogée (première partie des Rolling Stones, tournées aux Etats-Unis, en Europe et au Japon). Le "J. Geils" est ici filmé "live" à Düsseldorf (Allemagne) pour l'émission de télévision "Rockpalast" devant 9.000 fans enthousiastes.


Et puis, le temps a passé... En 1985, le groupe se sépare et Salwitz développe avec le Québécois Pierre Beauregard ses "Magic Harmonica" qu'il ne réussit cependant pas à mettre en production, contrairement à Lee Oskar de "War". En 1992, Salwitz et Geils forment "Bluestime" avec Steve Ramsey à la batterie, Jerry Miller à la guitare et Roy McCloud à la basse, ce dernier rapidement remplacé par Michael "Mudcat" Ward puis par John Turner. Le groupe sort deux albums pour Rounder Records, "Bluestime" (1994) et "Little Car Blues" (1996) et tourne jusqu'en 2002. C'est l'année au cours de laquelle Salwitz se met en congé pour rejoindre  la "Legendary Rhythm and Blues Revue" qui organise des croisières blues dans les Caraïbes pour vieux "babas cools" friqués. C'est dans ce cadre qu'est réalisé l'enregistrement suivant où l'on se rend compte que, près de 40 ans plus tard, Magic Dick n'a rien perdu de sa maestria.


En 2008, lors d'une longue interview de plus de 40 minutes, Salwitz a révélé les "secrets" de "Whammer Jammer" à Adam Gussow, le "Kudzu Runner" du net qui est accessoirrement aussi universitaire. Voici cette interview, malheureusement disponible seulement en anglais. (Magic Dick's explains "Whammer Jammer" to Adam Gussow -- in english):


Fort de cet enseignement, Gussow a mis en ligne cinq vidéos expliquant comment jouer la pièce, dont la tablature est ici. Là encore, en anglais seulement (Adam Gussow explains "Whammer Jammer" to us, poor mortals -- in english):


Et pour le dessert, voici "Whammer Jammer" joué entièrement avec... les mains! Absolument stupéfiant!

Europe, Amérique, Asie: sur les traces de Little Walter...

Little Walter en statue à Darmstadt
Lors d'un récent séjour à Darmstadt, "cité de la science" située au Sud de Francfort (Allemagne), je suis tombé sur Little Walter! Non pas sur le fantôme de Marion Walter Jacobs décédé le 15 février 1968 à même pas 38 ans, mais une statue en bronze érigée devant le "Kavalierhaus", une grosse batisse du centre-ville où se trouve notamment l'institut municipal de jazz. Haute de près de deux mètres, la statue trône dans le jardin de l'institution depuis son inauguration, le 1er septembre 2001. Oeuvre du sculpteur (et batteur de jazz) allemand Detlef Kraft, l'oeuvre a été commandée --et payée-- par la municipalité, ce qui en dit long sur la place du blues et du jazz dans la politique culture de nos voisins d'Outre-Rhin. La ville de Darmstadt possède en effet la plus importante bibliothèque de jazz d'Europe et les meilleurs instrumentistes s'y produisent régulièrement. Celui que l'on


Walter et Howard faisant le boeuf...
 peut voir ci-contre n'est pas inconnu. Il s'agit en effet de Howard Levy faisant le boeuf avec Walter lors d'un passage à l'institut en 2002. La preuve que l'héritage de Little Walter va bien au-delà de la seule Amérique. A ce propos, dans une nuit d'insomnie occupée à surfer sur le net, je suis tombé sur une véritable pépite: une photo d'un agenda de Léonard Chess où figurent les coordonnées de Little Walter à Chicago en 1959. En zoomant sur la photo, on peut lire sous "Walter Jacobs", l'adresse suivante: 5510, Cabanne Avenue, Saint Louis, Missouri. J'ai vérifié sur Google Earth, elle existe !!! 
Copyright Chess family

On y déchiffre également un numéro de téléphone, FO-1-7809. Là, je n'ai pas appelé. Peur sans doute de réellement tomber sur le fantôme de Marion Jacobs... D'ailleurs, sait-on seulement où Little Walter est enterré? Eh bien, c'est au cimetière catholique Sainte Marie

de Chicago (Illinois). Si vous souhaitez lui rendre une petite visite, cherchez la Section SW, bloc n° 28, lot n°5, tombe n° 5, près de la clôture en bordure de la Pulaski Road. Le cimetière se trouve au carrefour de la West 87th Street et de South Hamlin Avenue, à Evergreen Park. En voici le numéro de téléphone: (+1.708).422.87.20.
Contrairement à une légende tenace, Walter n'est pas mort dans une ruelle de Chicago mais... dans son lit, des suites de blessures à la tête infligées lors d'une rixe à laquelle il avait effectivement été partie la veille dans la "Windy City"! 


Voici par ailleurs une vidéo relativement rare du maître pêchée sur un site japonais. A la guitare, on reconnaîtra Hound Dog Taylor dont la prestation est, ici, à oublier rapidement. Et puis, ci-après, quelques photos que l'on n'a pas vues souvent non plus...
                                                                
                                                     

Vous voulez vous faire entendre: jouez avec un mégaphone !

Confrontés à la taille ridicule de leur instrument, les harmonicistes ont de tout temps tenté d'amplifier leur son. Et avant l'ampli, ce fut le mégaphone.

Je viens de mettre la main sur un "harmonicaphone", un mégaphone doté d'un embout spécialement conçu pour l'harmonica, et je dois dire que ce zinzin est d'une efficacité redoutable: mon chat, d'ordinaire placide, se cache sous l'armoire depuis que j'ai embouché l'engin, qui me semble dater des années 30! L'instrument, en l'occurence un "Marine Band", se glisse littéralement dans l'embase en métal du cornet construit dans un carton noir et robuste. Le tout fait 36 centimètres (cm) de long pour un diamètre de 14,5 (cm) à la sortie. En cherchant un peu sur la toile, j'ai rapidement
découvert que l'amplification acoustique de l'harmonica était presqu'aussi vieille que l'instrument lui-même. Ainsi, le  registre officiel américain des brevets consigne que, le 20 mars 1934, un modèle d'"harmonicaphone" a été déposé sous le numéro 1.951.928 par Leigh A. Eikington, de New York. Cliquez sur le lien et vous verrez qu'il ressemble en tous points à celui en ma possession. En poursuivant mes recherches, j'ai mis la main sur ce "Pohlphone" fabriqué en Allemagne dans les années 30. Contrairement à Eikington, Pohl, son concepteur, a jugé qu'il valait mieux insérer l'harmonica non dans l'embouchure du mégaphone mais dans le corps du cornet.
Il devenait dès lors plus facile de réguler la sortie du son en utilisant la main comme une sourdine. C'est d'ailleurs cette technique qui est expliquée par un certain  Robert D. Pike dans la livraison d'août 1931 de "Popular Science Magazine", le célèbre magazine américain de vulgarisation scientifique. "Le volume sonore est contrôlé avec la main gauche. Pour un volume maximum, appliquer la main sur l'embouchure et tout le son sortira par l'avant du cornet. Cette technique est particulièrement utile aux instrumentistes qui n'ont que peu de souffle", explique Pike. Avis aux fumeurs qui auraient le souffle court !
Parmi les grands harmonicistes ayant utilisé un mégaphone, il faut bien entendu citer le grand DeFord Bailey (1899-1982), le "Harmonica Wizard" qui fut l'un des seuls Noirs à participer, à la fin des années 20, au "Grand Ole Opry", une émission radiophonique diffusé depuis 85 ans (!) tous les samedis soirs aux Etats-Unis. Dans les années 60, Will Scarlett jouait également avec un mégaphone alors qu'il occupait la chaire d'harmonica dans Hot Tuna, une excroissance du Jeffeson Airplane, l'un des groupes les plus influents des années soixante. Et, si je me souviens bien, notre Jean-Jacques Milteau national apparaît avec un mégaphone sur un "Sweet Home Chicago" dans un "Taratata" diffusé en 1997...
Plusieurs fabricants d'harmonica proposent encore des mégaphones acoustiques pour leurs harmonicas dans leur catalogue. Hohner a son "Echophone" tandis que Seydel a un "Megaphone" adapté à presque chacun de ses modèles.
Quant au dernier présenté à gauche, il s'agit d'un mégaphone utilisé sur les plateaux de cinéma et qui, compte-tenu de sa taille, donnait l'assurance aux metteurs en scène de capter l'attention de leurs ouailles. Pour le dessert, voici un clip vidéo tourné lors d'une récente répétition du Purcell High School Band, un orchestre de lycéens dans l'Oklahoma profond.

Exclusif: trois nouveaux harmonicas bientôt sur le marché !

Un grand fabricant mondial, dont nous tairons le nom, va sortir prochainement trois nouveaux modèles d'harmonica que L'h@armoblog, toujours à la pointe de l'actualité, vous présente ici en exclusivité mondiale!

Le "One Holer" - Le premier de ces nouveaux modèles, qui seront bientôt dans votre magasin de musique préféré, a été baptisé "One Holer" par la firme. Il s'agit d'un harmonica diatonique à un trou imaginé sur un terrain de golf. Développé en collaboration avec Howard Levy, l'instrument dispose de deux anches spécialement profilées pour les "ovaires bleus", et de capots vissés. Disponibles dans toutes les tonalités.

Le "Flying V" (prononcez "fla-ing-vi") - Ce modèle, également diatonique, est directement dérivé de la célèbre guitare éponyme de type "solid body" ("corps plein") produite pour la première fois en 1958 par la firme américaine Gibson. Il s'inspire également  du bombardier B2 Stealth Spirit du constructeur aéronautique Northrop. Premier harmonica "furtif" à être commercialisé au monde, il dispose de six trous et d'une ergonomie des capots conçue pour obtenir un plus grand volume et offre, de ce fait, une excellente stabilité du son en empêchant le cognement des anches.

Le "Double Tirette" - "Last but not least", notre fabricant démontre sa capacité d'innovation avec le "Double Tirette", un modèle chromatique à un trou mais qui, comme son nom l'indique, est équipé de deux tirettes: la droite pour la note aspirée, la gauche pour la note soufflée. La prise en mains de ce nouvel instrument est, de ce fait, idéale. Là encore, disponible dans toutes les tonalités pour jouer les gammes. 


Et enfin, pour ceux qui aiment les instruments loufoques comme ceux décrits plus haut, voici un harmonica fabriqué dans les années 30 par la firme allemande Koch qui, comme beaucoup d'autres manufacturiers en Forêt noire, fut rachetée par Matthias Hohner.

Vidéo(s) de la semaine: une p'tite pube bien fraîche, siouplé...


 
Question: quel est le nom de l'harmoniciste jouant dans ces deux publicités pour une grande marque de bière? Vous aurez bien sûr reconnu Harvey Blackston, alias "Harmonica Fats", qui, natif de la Louisiane a formé dans les années 60 et 70 un duo avec le guitariste blanc Bernie Pearl. Ayant appris l'harmonica après un grave accident de la route, Blackston s'était installé à Los Angeles (Californie) où s'était fait connaître sous le sobriquet de "Heavy Juice". En 1961, son single "Tore Up", enregistré sur le label Darcey, s'était imposé dans les charts de R&B. C'est alors qu'il avait changé de nom et était devenu "Harmonica Fats". Par la suite, et jusqu'à sa mort en 2000, il avait beaucoup travaillé dans les studios californiens mais aussi avec Bill Cosby, Ringo Starr, et Lou Rawls.

Et de qui s'agit dans cette autre publicité pour une autre grande marque de bière? Mais oui: c'est bien Billy Branch, le "blues defender" qui fait bouillir ici la marmite. J'ai eu le privilège de le rencontrer cet été dans la "House of Blues" de Chicago où il m'a invité à partager la scène avec lui. Si vous voulez voir ce gentleman se produire dans ce temple de la musique du diable, c'est habituellement le lundi soir à partir de 22 heures. 


"Got My Mojo Working": comment il marche, ton gri-gri ?

Tout harmoniciste qui se respecte se sera, un moment ou un autre, fait les dents sur « I Got My Mojo Working ». Mais qu'est au juste un « mojo »?

Le morceau, écrit en 1956 par l'acteur et guitariste Preston Foster, et repris en 1957 par le bluesman McKinley Morganfield de la chanteuse de R&B Ann Cole, a fait rentrer le mot dans le vocabulaire américain sans que l'on sache trop ce qu'il veut dire. Voici, enregistré en 1960 au festival de jazz de Newport (Rhode Island), Muddy Waters qui constatait que "son mojo ne marchait pas" pour un public essentiellement composé de Blancs. A l'harmonica, l'on reconnaîtra James Cotton



Alors, "mojo"? Pour certains, le terme  désigne le pénis après que Jim Morrison, le chanteur des Doors, se fut donné le sobriquet de « Mr Mojo Rising ». Ce surnom n'était en fait qu'un anagramme de son patronyme. Pour d'autres, c'est une sauce, un logiciel de partage de musique, une marque de vélos, de petits gâteaux voire de masques de ski. Et bien d'autres choses encore... En fait, le mot apparaît dès les années 30 dans des enregistrements de blues ruraux.

En 1931, il figure à plusieurs reprises dans les 1ère et 2è strophes d'un "Scary Day Blues" enregistré par le guitariste Blind Willie McTell pour le label Okeh à Atlanta (Géorgie):

"My good gal got a mojo, she's tryin' to keep it hid
My gal got a mojo, she's tryin' to keep it hid
But Georgia Bill got something to find that mojo with

I said she got that mojo and she won't let me see
She got that mojo and she won't let me see
And every time i start to love her she's tried to put that jinx on me..."

On le trouve également dans le titre et plusieurs strophes d'un "Take Your Hands Off My Mojo" enregistré en février 1932 à New York par un duo Leola B. Pettigraw et Socks Wilson:

"Honey, I done seen your mojo, that thing ain't nothin' but a joke
But if I keep my hands off your mojo,  you'll stay for ever broke..."

Copyright Robert Crumb
Et dans son "Little Queen Of Spades" enregistré en 1937, Robert Johnson l'évoque dans la 3è strophe:

"Everybody say she got a mojo, now, she's been usin' that stuff
Mm, 'verybody says she got a mojo, 'cause she been usin' that stuff
But she got a way trimmin' down, fair brown, and I mean it's most too tough...".

Alors, "mojo" ? Pour Catherine Yronwode, l'une des grandes spécialistes de la culture vaudou, le "mojo", c'est un gri-gri, une amulette qui protège son porteur du diable et/ou lui porte chance. Il désigne un petit sac en tissu porté sur soi à l'intérieur duquel se trouvent des herbes, des huiles, des cailloux, des fragments d'os, des plumes, des cheveux voire des ongles. Certains ethnologues estiment qu'il s'agit d'une corruption du mot anglais "magic". Yronwode l'associe plutôt au mot africain "mojuba" qui désigne une "prière dans un sac". Le vaudou est, en effet, un culte originaire de l'ancien royaume du Dahomey (l'actuel Bénin) répandu à partir du 17è siècle par les esclaves noirs dans les Caraïbes et en Amérique du Nord, et particulièrement en Louisiane.

"Mojo hand", "conjure hand", "lucky hand", "conjure bag", "trick bag", "root bag", "toby", "jomo" sont d'autres termes associés au vaudou (ou "hoodoo" que Junior Wells invoque ici) dans le blues. Le chat, surtout s'il est noir, est la créature vaudou par excellence. Les couleurs participent fortement au symbolisme du culte: la "mojo hand", le sac à "mojo" donc, est blanc s'il est destiné à un enfant, vert s'il doit rendre riche son propriétaire, rouge pour les charmes amoureux et bleu pâle pour un "mojo" domestique, selon la nomenclature chromatique établie par Yronwode.
Mais dans tous les cas, la "mojo hand" doit rester cachée pour être efficace. Cette règle, qui ne souffre aucune exeption, explique pourquoi le "mojo" a une double signification dans le blues, où il désigne si fréquemment un attribut sexuel.

Le blues en bande dessinée: deux albums "habités"

Le blues en BD ? C'est possible... Voici deux albums magnifiques sur la "musique du diable".

Le premier de ces albums "habités", intitulé "Bluesman", est une série en trois tomes du scénariste Rob Vollmar et du dessinateur Pablo G. Callejo. Publié à partir de 2006 aux Etats-Unis, "Bluesman" relate l'errance de Lem Taylor, guitariste de son état, et de son compère pianiste "Ironwood Malcott" sur les routes de l'Amérique sudiste, rurale et raciste des années 20. Arrivés dans un patelin appelé "Hope" ("Espoir"), ils accompliront, au tournant d'un "juke joint", le plus terrible et incroyable des destins.
En 200 planches en noir et blanc (forcément!), Vollmar et Callejo offrent ici un bijou d’humanité au mode narratif  élémentaire et au découpage archi-classique. Le graphisme retenu n'a rien d'extraordinaire mais il restitue parfaitement une ambiance qui n'est pas sans rappeler celle de "Mississippi  Burning", le film d'Alan Parker, dans sa rage suintante.
"Bluesman", chez Akileos (éditeur), collection "Regard Noir & Blanc". Date de parution: 20 mai 2009. ISBN-13: 978-2355740435




La deuxième BD, en deux tomes celle-ci, est un manga d'Akira Hiramoto, "Me And The Devil Blues, The Unreal Life Of Robert Johnson" ("Moi et le blues du diable, la vie irréelle de Robert Johnson"). Robert Johnson est l'un des plus grandes énigmes du blues. La légende veut que, pour devenir le meilleur guitariste du genre, il a vendu son âme au diable. Avec seulement 42 pistes enregistrées (29 titres et 13 prises alternatives), ce personnage faustien, mort dans des circonstances mystérieuses à seulement 27 ans, a exercé une influence considérable sur nombre de "bluesmen". Dans son manga en couleurs, Hiramoto donne à la vie de Johnson une densité exceptionnelle grâce notamment des recherches extrêmement pointues qui révèlent des aspects jusqu'ici inconnus du musicien maudit.
"Me And The Devil Blues", chez Del Rey (éditeur). Date de parution: 29 juillet 2008. ISBN-13: 9780345499264. Non traduit en français.

Avec Beefhart, l'harmonica perd un capitaine...

L'harmonica a perdu un capitaine: Don Van Vliet, alias "Captain Beefhart", est décédé d'une sclérose en plaques le 17 décembre, à l'âge de 69 ans, dans un hôpital californien.


Compagnon de route du compositeur, guitariste, chanteur et parolier américain Frank Zappa, Captain Beefhart aura été, dans les années 60 et 70, l'une des plus étonnantes voix du blues et du rock. Rauque et puissante, elle avait puisé dans le blues une musique faite de rythmes contrariés et de décalages.
Génie pour certains, imposteur pour d'autres, Don Vliet (il se donnera la particule "Van" à la fin des années 50 et prendra son sobriquet en 1965) avait monté le "Magic Band", son premier groupe, dans les années 60 et ses premiers enregistrements relèvent du blues et du rock avec des éléments de free jazz et des parties qui semblent enregistrées. "Safe As Milk" (1967) et "Strictly Personal" (1968) restent les témoins de cette première période où le Captain n'hésite pas à souffler dans un harmo.
En juin 1969, il avait publié son grand'oeuvre, "Trout Mask Replica", un double album produit par Zappa et qui, traversé par le bruit et la fureur, deviendra rapidement "culte" quoique trop long et bavard. En 1970, ce fut "Lick My Decals Off, Baby" puis en 1972, "The Spotlight Kid" et "Clear Spot", des galettes bien plus intéressantes où sa voix est à sa pleine expressivité. Le voici, filmé en 1968, avec le Magic Band sur la plage de Cannes (Alpes Maritimes). Repose en paix, Captain...

Video de la semaine: la "dream team" d'Angela Strehli

Cela s'est passé en octobre 1989 à Austin (Texas). Pour ses 50 ans, le bluesman Wesley Curley Clark , le "parrain du blues texan", avait invité une myriade de stars dont Angela Strehli, sa copine de toujours. Pour l'occasion, celle-ci a réuni sur scène une véritable "dream team": à la guitare solo Denny Freeman, qui a notamment travaillé avec Bob Dylan et la "superharp" James Cotton, à la guitare d'accompagnement Jimmy Vaughan, le frère cadet de Stevie Ray, et à l'harmonica Kim Wilson, qui à l'époque avait encore quelques cheveux sur le caillou. Ces "All Stars" interprètent ici "Big Time Playboy", un titre que Strehli reprendra l'année suivante sur sa galette "Soul Shake". Décoiffant!

Un contrôle de volume, est-ce bien raisonnable ?

Il y a ceux qui jouent sans et ceux qui jouent avec. Le contrôle de volume est-il vraiment indispensable pour l'harmonica amplifié? Eléments de réponse..

D'abord, à quoi ça sert ? Sur scène, à règler depuis le micro le volume sonore de l'harmo sans avoir à s'approcher de l'ampli et risquer d'essuyer un vilain larsen. Par exemple, pour prendre un solo... Bravo, mais encore? Toujours sur scène, à faire un réglage fin de l'ampli, là encore sans essuyer de larsen. Ne vaut-il pas mieux monter un contrôle de volume (CV) directement sur le micro? A voir... Monté sur un micro, un CV se dérègle d'autant plus facilement qu'il se trouve à proximité des mains qui, chez tout harmoniciste qui se respecte, sont censées "travailler" le son.
Entrée micro et sortie ampli
Alors, comment ça marche ? Pour l'essentiel, il s'agit d'un potentiomètre, type de resistance variable à trois bornes, dont une borne est reliée à un curseur se déplaçant sur une piste terminée, à l'un et l'autre bout, par les deux autres bornes. Le volume sonore dépend alors de la position du curseur et de la tension à laquelle est soumise la résistance. A plein pot, le curseur est complètement à gauche sur le diagramme ci-contre. Dans cette position, la résistance est à son maximum. A l'inverse, lorsque le curseur est complètement à droite, la résistance est au plus bas (zéro ohm) et rien ne passe dans l'ampli. Le CV agit alors comme une prise "marche/arrêt" -- en position "arrêt" -- mais sans le "clic" d'une telle prise qu'il serait curieux d'entendre sortir des haut-parleurs.

Pièces d'un contrôle de volume construit par Greg Heumann (USA)

Où trouver un CV ? Dans les années 50, la firme américaine Switchcraft, spécialisée dans les connecteurs audio, a mis sur le marché le "CV n°329" que l'on peut voir ci-contre. A l'époque, de nombreux harmonicistes l'avaient adopté parce qu'il ne "colorait" pas le son (Je reviendrai plus tard sur la
notion de "coloration"). Le grand Walter Horton ne fut pas le dernier... Ces CV, copiés par la suite par Amphenol, une autre firme spécialisée américaine, sont aujourd'hui l'un des accessoires les plus recherchés par les harmonicistes. Les rares exemplaires vus à l'encan sont partis à 150 dollars US, parfois à davantage! 
Ces prix, comparables à ceux de l'immobilier à Paris, ont conduit des harmonicistes à construire leur propre CV. Ainsi, la petite firme spécialisée "Blows Me Away Productions" de l'Américain Greg Heumann a conçu des contrôles adaptables sur des prises "jack" 1/4 de pouce (celle trouvée communément sur votre ampli) ou XLR. Le Français Thierry Cardon a également imaginé un CV munis de connecteurs XLR qui, commercialisé par Hohner, est couramment utilisé par Jean-Jacques Milteau ou Michel Herblin. Une firme italienne, BluexLab, propose un CV similaire au 329 ou un CV double qui permet de se relier simultanément à deux amplis.
Un CV va-t-il modifier mon son ? La réponse est "oui". Pourquoi ? En atténuant le volume de sortie, un CV réduit parallèlement les fréquences hautes, celles qui participent à la distorsion sonore en donnant le "crunch" si cher à nos petites oreilles. L'utilisation, ou non, d'un CV participe donc d'un compromis que chacun devra trouver...


  Voici quelques contrôles de volume: Geloso, Shure, Heumann, Mojo Hand, Hohner et inconnu (de gauche à droite)

"Juke": le cantique des cantiques de l'harmo blues

Le 12 mai 1952 est au blues de Chicago ce que le 14 juillet 1789 est à l'Histoire de France: la date d'une révolution! Ce jour-là, âgé de seulement 22 ans, Little Walter enregistre "Juke", le cantique des cantiques des instrumentaux à l'harmonica!

Mis dans les bacs en juillet suivant sous le numéro 758 par Checker Records, une filiale de Chess Records, "Juke" trône, quelques semaines plus tard, au sommet des charts R&B du magazine professionnel Billboard. Il y restera 20 semaines, dont huit en numéro un! Du jamais vu pour un instrumental à l'harmonica...


Cette version, la plus connue parce qu'il en existe une deuxième, est enregistrée à la première prise dans le studio Universal Recorders de Bill Putnam, situé dans un banlieue Nord de Chicago. Walter, qui à l'époque joue régulièrement depuis trois ans dans la formation de Muddy Waters, la nomme "Your Cat Will Play". Mais le titre ne convient pas à Léonard Chess qui rebaptise la pièce pour sa sortie, six semaines plus tard.
Le succès est tel que Walter abandonne l'orchestre de Muddy (il y sera remplacé au pied levé par Junior Wells) et se lance avec son propre groupe, les... "Jukes"!

La pièce devient rapidement un "standard". La paternité du "riff" d'ouverture, que les anglo-saxons appellent le "head", est cependant disputée. Junior Wells, notamment, affirmera que c'est lui qui a imaginé la succession de six notes répétée dans les huit premières mesures et que Walter lui a volé l'idée. Snooky Pryor prétendra que "Juke" est un plagiat de son "Snooky and Moody's Boogie" enregistré en 1948 sur le label Planet. A l'écoute, la pièce commence bien avec le même riff ascendant de Walter mais le reste est complètement différent. Jimmy Rogers, qui tient la guitare sur "Juke", expliquera qu'il s'agit d'une pièce du pianiste Sunnyland Slim, "Get Up The Stairs, Mademoiselle".

Quoiqu'il en soit, et depuis sa création, "Juke" doit figurer au répertoire de tout harmoniciste qui se respecte. Voici ce qu'en disait Carey Bell lors d'une interview donnée peu avant sa mort en 2007:



 Traduction:
« Walter était complètement déjanté. La première fois que je l'ai rencontré, c'était au +Zanzibar+, un local du Westside de Chicago où m'avait emmené Honeyboy Edwards, qui était à l'époque son joueur de guitare. Ils ne voulaient pas me laisser entrer et Honeyboy a dû aller chercher Little Walter qui se trouvait à l'intérieur.
Honeyboy a fait les présentations et Walter m'a dit +Allez, viens, rentre+ mais le garde à la porte a refusé au motif que j'étais trop jeune. +Moi, j'ai dit qu'il pouvait rentrer+, lui a répondu Walter. +Mais tu devras le faire monter sur scène+, lui a dit le garde. Et c'est exactement ce qui s'est passé. Je suis monté sur scène avec Walter et, à mon grand étonnement, il a commencé à jouer +Juke+. Au moment où je m'y attendais le moins, il m'a fait signe d'y aller. Je connaissais un peu la pièce et Walter me disait +C'est bon, c'est bon, continue+. Je me débrouillais jusqu'au moment où je suis arrivé au +break+. Je ne savais pas le jouer... A la pause, on est sorti Walter et moi. Il m'a dit: +Il faut que tu apprennes à jouer ce break. Je vais te montrer comment faire+. Il me l'a joué deux fois. +Si tu piges pas maintenant, tu vas avoir affaire à moi+, a-t-il ajouté. Je me suis dit: +Oh, mon Dieu!+ parce que, effectivement,  je n'avais pas compris. Alors je lui ai dit: +Walter, laisse-moi te dire quelque chose, si tu me frappes, je tire dessus!+. J'avais un vieux calibre .22 sur moi et j'étais prêt à me défendre. Mais le même soir, j'ai compris ce fichu +break+ et je l'ai joué sur scène. Après ça, c'était cool et il ne m'a plus jamais demandé de jouer +Juke+ ».

Voici par ailleurs la deuxième version de "Juke", publiée plus de 40 ans plus tard, par MCA/Chess. L'introduction n'a plus grand'chose à voir avec la version originale. Le reste non plus, d'ailleurs...



Et pour ceux qui sont vraiment mordus, voici la transcription effectuée par mon ami David Barrett:
Juke Little Walter

Jean-Jacques Milteau met en musique "L'or" de Cendrars

Johann Augustus Sutter
Je viens d'apprendre que Jean-Jacques Milteau a mis en musique, avec son seul harmonica, "L'or", une biographie romancée de Johann Augustus Sutter publiée en 1925 par Blaise Cendrars. Le texte, adapté pour la scène par Xavier Simonin, sera présenté du 12 janvier au 20 février au Théâtre Daniel Sorano, à Vincennes (Val-de-Marne).
Johann Augustus Sutter, un Suisse qui avait fait fortune en Californie au 19è siècle, a tout perdu lorsque, en 1848, de l'or avait été découvert sur ses terres, qui furent saccagées par les milliers de chercheurs dans le "gold rush" qui s'en suivit.
"Xavier Simonin m'a fait découvrir la richesse rythmique de la langue de Cendrars", déclare JJM dans le dossier de presse. "Expérimenter sur de nouveaux rythmes est toujours une proposition alléchante", poursuit-il en avouant en avoir "profité pour (se) replonger avec délices dans la musique populaire américaine du 19è siècle". On a hâte d'entendre ça...
Le dossier de presse complet est ici (arrivé sur la page, cliquez sur "download" pour le consulter).

Vidéo de la semaine: Jason Ricci et New Blood au top !

Cela s'est passé en 2009 au Rooster's Blues House, à Oxford (Mississippi). Jason Ricci tournait encore avec New Blood et le groupe venait de sortir "Done With The Devil", une galette qui avait reçu un accueil dithyrambique à la fois de la presse musicale et du public. Ce soir-là, à la fin du "set", Jason avait décidé de jouer "Mellow Down Easy", une pièce de Willie Dixon enregistrée en 1954 par Little Walter et reprise depuis par de nombreux autres artistes, dont Paul Butterfield, Carey Bell, ZZ Top et les Black Crowes. Plus près de nous, je crois me souvenir que l'ami Paul Lassey a consacré une vidéo au "riff" de la pièce.
La version de Ricci et New Blood est, à mon humble avis, l'une des plus "électrisantes" jamais enregistrées avec, à la guitare, Shawn Starski, à la basse, Todd "Buckweed" Edmunds et, à la batterie, Ed Michaels.
Depuis, Ricci et New Blood se sont séparés dans la douleur. Aux dernières informations, Jason errerait à La Nouvelle-Orléans, avec l'une de ses vieilles maîtresses, l'aiguille... Quel gâchis!


Décès de l'harmoniciste américain Chris Michalek

Chris Michalek R.I.P
Chris Michalek, l'un des harmonicistes américains les plus doués de sa génération, est décédé jeudi 16 décembre après une courte maladie à son domicile de Phoenix (Arizona), selon un message laissé par Brendan Power sur le forum de discussion Harp-L. J'ai eu le privilège de rencontrer Chris, que l'on surnommait "le Buddha" tant en raison de ses origines (sa mère est vietnamienne) que de son aspect physique (il était rond et toujours joyeux), cet été au congrès SPAH à Minneapolis (Minnesota). Personnage bourru, Chris n'a jamais eu sa langue dans sa poche et ses avis et commentaires étaient écoutés et respectés par la communauté. Musicien éblouissant, Chris était aussi l'un des meilleurs "customiseurs" en activité. Je possède l'une de ses "Buddha Harp" (un Marine Band Classic) et c'est l'un de mes harmos préférés. Il avait également la passion des chiens qu'il dressait. Son site, http://www.thebuddhasgroove.com/, a été déconnecté. Repose en paix, Chris...

Boîtes d'harmos: entrez dans l'intimité des grands ! (1/3)

Vous en avez rêvé, L'h@armoblog du lover bleu l'a fait: jeter un oeil dans la boîte de quelques grands harmonicistes. Et aussi de quelques autres, plus obscurs...

A gauche, Steve Baker (Allemagne), au centre, Michel Herblin (France), à droite, Mike Wesolowski (USA)

Quelques amateurs

Jerry Deal (USA), Bill Barrett (USA), inconnu, Glenn Woodhouse (USA)

A gauche, Howard Levy (USA), au centre, ma trousse, à droite, Jerry Portnoy (USA)

A gauche, Brendan Power (Australie), au centre, Guillaume Robin (France), à droite, mes Meisterklasse

A gauche, Christelle Berthon (France), au centre, William Clarke (USA), à droite, James Cotton (USA)
                
 

Le lover bleu vous souhaite Joyeux Noël et Bonne Année 2011

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Quoi qu'il y a dans mon micro qui donne le gros son ? (2/2)

Les éléments de micro dynamiques présentés dans le premier article de cette série ne vous conviennent pas? Peu importe: pour sonner comme Little Walter, il vous reste les capsules à cristal ou à céramique.

Effet piézo-électrique. Rappelons brièvement  le principe de fonctionnement de ces capsules: soumis à une variation de pression due à une vibration acoustique, un minuscule morceau de sel de Rochelle, nom commun du tartrate double de sodium et de potassium, ou une fine membrane en céramique vont fournir un courant électrique alternatif proportionnel en amplitude et en fréquence à la vibration captée. C'est l'effet piézo-électrique, c'est-à-dire la propriété que possèdent certains corps de générer une charge électrique sous l’action d’une contrainte mécanique. La Shure R7, montrée ci-contre, est la plus prisée des capsules à cristal. Notamment en raison du son rond et chaud qu'elle produit, notamment lorsqu'elle est employée avec un amplificateur à lampes. Malheureusement, il s'agit d'un élément particulièrement fragile. Lorsqu'il est exposé au chaud ou au froid, ou victime d'un choc, il n'est pas rare que le cristal se fende et devienne inutilisable. Au fil des années, la R7, fabriquée jusque dans les années 60, est devenue de plus en plus rare et, partant, de plus en plus chère. Il n'est pas rare de les voir atteindre 300, voire 400 dollars US sur eBay. Personnellement, je me méfie d'elles...
La MC-151 d'Astatic. Cette capsule est "l'autre cristal" se trouvant dans les micros de nombre de professionnels. Fabriqué jusqu'en 2002 par la firme de Youngstown (Ohio), cet élément est moins fragile que la R7 de Shure et, surtout, beaucoup moins cher. Vous devriez le trouver pour une centaine de dollars US (quand même!) sur eBay. La MC-127 est la version céramique de cette cartouche. Pour l'anecdote, il pourra vous arriver de trouver, sur des capsules estampillées MC-127 dans le métal, des étiquettes MC-151. Pas d'inquiétude, il s'agira bien d'un cristal. Mais alors pourquoi une étiquette? La raison en est simple: ayant perdu le moule de ses 151 dans un incendie, Astatic a poursuivi jusqu'au bout leur fabrication dans des coques de 127. Comment sonne une MC-151? Là encore, voici une petite vidéo trouvée sur l'internet qui, sans être convaincante, permet de se forger une opinion...

                                                                                 

                                                    

"Ménage à trois". Il existe évidemment nombre d'autres capsules qu'il est possible d'incorporer dans un JT-30 ou un Green Bullet 520, ou dans tout autre micro de son choix. Quelques références: la DT-50K (50.000 ohms) de Calrad, la 21-C (céramique) et la 454 (cristal) de Turner ou encore  les cristals "low cost" du japonais Aïwa, très économiques compte-tenu des prix indécents d'une R7 Shure. Ce qu'il faut retenir:  le micro n'est que le maillon central  d'une la chaîne formée, à une extrémité, par le joueur et, de l'autre, par l'ampli. Pour obtenir "le" son, il convient que ces trois maillons soient en bon équilibre, qu'il réussissent en quelque sorte à faire un "ménage à trois"... Le secret: l'expérimentation! Et comme dab, suivez la règle numéro un de ce blog: vous avez le droit de faire des erreurs (sinon ils n'auraient pas équipé d'une gomme le bout des crayons)!                                                 

Vidéo de la semaine: Howling Wolf lâche ses chiens...

Cela s'est passé en 1970. Voici une performance absolument insensée de Chester Burnett, alias Howling Wolf, tirée du DVD "In concert" sorti en 2007. Sa rage et son énergie sont ici indescriptibles. Le "loup hurlant" a donné son dernier concert en novembre 1975 à l'Amphithéâtre à Chicago (Illinois) avec B.B. King et Luther Allison. Wright. Il est mort deux mois plus tard d'une défaillance cardiaque, sur une table d'opération.


Alors, "cul-de-pouliste" ou "tongue bloqueur" ?

"Pucker" et "tongue blocking": ce sont les deux embouchures les plus fréquemment utilisées. Laquelle recommander à un débutant? Les deux, mon général...

Les meilleurs harmonicistes vous le diront: entre le "pucker", ou jeu en cul de poule, et le "tongue blocking", ou jeu lingual, il existe plus qu'un gouffre, un véritable monde! En quoi ces deux manières de jouer --on parle ici d'embouchure-- sont-elles différentes?
L'embouchure en cul de poule, ou embouchure "bisou", consiste à former un «O» avec ses lèvres, comme si on allait siffler. L'avantage de cette technique: un joueur est précis rapidement puisque le souffle est canalisé directement dans le bon trou de l'instrument.
Le "tongue blocking", ou TB, consiste, en prenant l'harmonica à pleine bouche pour pouvoir jouer plusieurs notes à la fois,  à --paradoxalement-- bloquer avec la langue les notes que l'on souhaite ne pas entendre. Cette technique, historique pour le "son blues", est complexe mais elle donne un son plus ample et ouvre la voie au jeu rythmique ou en octaves.
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Alors, si l'on est débutant, quelle technique adopter? Les forums débordent de discussions enfiévrées sur les vertus comparées de l'une ou l'autre méthode. Car clairement, deux écoles s'affrontent! Si Joe Filisko, Dennis Gruenling et Greg Zlap assurent ne jouer qu'en TB, y compris les altérations soufflées des trous 7, 8, 9 et 10, Carlos del Junco, Thierry Crommen et Michel Herblin jurent n'utiliser que la seule embouchure en cul de poule, à l'exception de quelques octaves obligées. D'autres encore, comme Steve Baker, disent employer les deux embouchures en fonction des lignes mélodiques.

Certains prétendent qu'il est plus facile d'altérer si la langue est laissée libre de se déplacer dans la bouche. D'autres rétorquent que le "pucker" produit  un son "pointu". Selon eux, jouer en cul de poule empêcherait de prendre l'harmonica plus profondément en bouche. Les "tongue bloqueurs" prétendent en outre que jouer du bout des lèvres revient à faire une croix sur le son "large" à la Little Walter.
Pour Joe Filisko, l'un des maîtres actuels du son traditionnel, le TB doit être l'embouchure par défaut. Selon lui, cette embouchure sert en outre à combattre le fameux "réflexe pharyngé" ou "réflexe nauséeux" provoqué chez certains par une stimulation inhabituelle du fond de la gorge. En tout état de cause, et quelle que soit l'embouchure choisie, la règle numéro un de ce blog s'applique: vous avez le droit de faire des erreurs (ou ils n'auraient pas équipé d'une gomme le bout des crayons!).