Vidéo de la semaine: harmoni...chat

     

Le Lover Bleu vous souhaite un Joyeux Noël




Le "sheng", l'ancêtre chinois de l'harmonica

Le "sheng", ou orgue à bouche chinois, est considéré par les musicologues comme l'ancêtre de l'harmonica. Datant de 2000 ans avant JC, introduit en Europe au 18è siècle par le jésuite français Joseph Amiot, cet instrument à anche libre est aussi à l'origine de l'harmonium et de l'accordéon.


Comment ça marche ? - Ancêtre de tous les instruments dits "aérophones à anches libres" tels l'harmonium, le concertina, l'accordéon et... l'harmonica, le "sheng" est souvent appelé "orgue à bouche" en Occident. Inventé en Chine il y a deux millénaires (des exemplaires anciens ont été datés quatre siècles avant notre ère), le "sheng" est composé d'un réservoir en forme de théière muni d’un embout. Ce réservoir en bois laqué ou en métal peut être cylindrique ou carré. Le souffle du musicien est canalisé par l'embout dans des tiges de bambou creux fixées verticalement autour du réservoir. Chaque tuyau (17 sur les modèles les plus courants) est muni, dans sa partie inférieure, d’une anche libre en laiton qui vibre lorsque le musicien bouche un trou situé sur le côté du bambou. Située au-dessus du trou, l'anche ne vibre pas si celui-ci n’est pas obturé. Si, au contraire, il est bouché, l’air est contraint de passer par l’anche qui produit un son. Pour l'accordage, les anches sont alourdies avec de la cire. Comme avec l’harmonica, on obtient un son en aspirant ET en expirant. Le jeu traditionnel se fait en accords qui, dans la musique chinoise, convient parfaitement à l’accompagnement d’un autre instrument soliste ou de la voix. Les doigtés sont particulièrement complexes et une grande maîtrise du souffle est nécessaire. Un trémolo est produit par l’alternance rapide entre inspiration et expiration tandis qu'un glissando peut être obtenu sur certaines notes aiguës en débouchant lentement un trou.

Jusqu'en Birmanie et au Bengladesh - Il existe différents types de "sheng" qui sont présents aussi bien dans la musique traditionnelle chinoise que pour l’interprétation de compositions plus actuelles: à Shangaï, l’on se réfère au "petit sheng" de préférence au "fangsheng" à caisse carrée en bois du Henan et du Shangdong tandis que les temples bouddhiques du nord de l'empire du Milieu utilisent un intrument similaire dénommé le "shangdong". En Corée, l’on joue du "seanghwang" et au Japon du "sho". Dans sa forme ancienne à deux rangées parallèles de tuyaux, il est également employé par les minorités ethniques chinoises et les populations tribales installées dans les régions reculées du Viêtnam, du Laos ("khan"), de la Birmanie, de la Thaïlande ("lachi", "full" et "naw"), de Bornéo ("yu") et jusqu’au Bangladesh ("plung")! Plus près de notre époque, il existe depuis les années 50, des "shengs" mécanisés avec clavier et installés sur des supports fixes.

Ecoute conseilléeIl n’existe, à ma connaissance, que quelques enregistrements dédiés au "sheng". Le CD "Xu Chaoming Sheng - Chine" (Cinq Planètes n°023922) propose des musiques du Sud et du Nord de la Chine qui, bien qu’il s’agisse en grande partie de compositions contemporaines, respecte les caractéristiques descriptives de la tradition musicale de l'Empire du milieu. Il existe aussi un disque sur le "khen", l’orgue à bouche joué par les Hmong et les Thaï au Vietnam et ailleurs qui vient d’être republié: "L'art du khen" (Arion ARN 60367). Il existe par contre des enregistrements sur lesquels on pourra entendre le "sheng" parmi d’autres instruments. A titre indicatif, il y a "Chine - Chen Zhong" (Ocora Radio France C 560090) avec un Français à l'instrument, François Picard, et "Chine: hautbois du Nord-Est - Vol. 1. Musiques de la première lune" (Buda 92612-2) qui répertorie une musique de rue étonnante dont l’instrument soliste est le hautbois et l’orgue à bouche n’est qu’un des instruments accompagnateur.


Alors, comment ça sonne? - Voici deux vidéos enregistrées dans des contextes très différents: celle de gauche présente un duo "sheng"-harmonica tandis que celle de droite propose un solo devant un orchestre symphonique. Bonne écoute...


Vidéo de la semaine: sur scène avec Barrett et Filisko...

Je n'ai pas l'habitude de me mettre personnellement en situation sur ce blog. Mais comme toutes les règles, celle-ci souffre d'exceptions. Me voici donc sur scène avec David Barrett et Joe Filisko lors des derniers "Harmonica Masters Workshops", en novembre, au siège Hohner à Trossingen (Allemagne). Bonne écoute, commentaires bienvenus...

Le CBH 2016, le toujours vaisseau-amiral des "chros" Hohner

   C'est encore le vaisseau-amiral des chromatiques de Hohner même s'il n'est plus fabriqué depuis 1980. Près de quarante ans après sa conception par le Chinois Cham-Ber Huang, le CBH-2016 n'a toujours pas d'équivalent sur le marché.


Un "chro" révolutionnaire - Les plus grands "chromaticiens" du monde l'ont adopté... Toots Thielemans a dit que c'était l'instrument avec lequel il préférait enregistrer, Larry Adler s'en est entiché à la fin de sa carrière, Robert Bonfiglio ne jure que par lui et Susan Rosenberg a appris à jouer dessus. Le "Professional 2016 CBH" de Hohner fait partie de ces harmonicas mythiques mis au point par la firme de Trossingen (Allemagne), au même titre que le Marine Band ou le Golden Melody. Développé au début des années 70 par le virtuose chinois Cham-Ber Huang à Hicksville (New Jersey), alors siège de Hohner USA, la conception révolutionnaire de cet harmonica chromatique n'a toujours pas été égalée.
Car à l’exception des plaques de bronze toujours fabriquées et accordées en Allemagne, toutes les pièces du CBH 2016 --sommier, pièce d’embouchure, capots et mécanisme de la tirette-- sont moulées dans du "Delrin 570", une résine d’acétal fabriquée par le chimiste américain DuPont. Il s'agit en fait d'un plastique technique extrêmement rigide qui, contenant du Teflon, est  notamment utilisé dans l’automobile et l’aéronautique.
Ce parti-pris pour un matériau à base de plastique, en lieu et place du bois de poirier et de la tôle d’acier chromé traditionnellement utilisés par Hohner pour la fabrication de ses harmonicas, donne à l'instrument des qualités aujourd'hui encore difficilement égalées: rapidité de jeu fulgurante, réponse instantanée des anches, tirette souple et silencieuse, résonance amplifiée par la taille des canaux...

Un harmonica "signature" - En tout, Cham-Ber Huang a déposé 18 brevets pour ce chromatique dont Hohner fera un "instrument signature" en gravant les initiales de son concepteur ("CBH") sur les capots. Seize trous, 32 canaux pour 64 anches couvrant quatre octaves, le 2016 ne pèse que 320 grammes et est vendu $59,95 à sa mise en marché en 1970. A l'époque, un Hohner Chromatique 64 se négociait autour de $25,00, de sorte que les ventes du nouveau "chro" ont mis quelque temps à décoller.
"Hohner m’a demandé d’éliminer les fuites d’air constatées au niveau de la tirette sur tous ses chromatiques à cause d'un mécanisme constitué par une bride doublée d’un obturateur en métal", se souvient Huang. "Grâce au +Delrin+, j’ai pu concevoir une tirette ronde qui se glisse dans le sommier, et non la pièce d'embouchure, avec une tolérance de trois centièmes de millimètre", poursuit-il.



"Quasiment incassable" - "En essayant les premiers prototypes, j’ai également constaté que le plastique que j'avais choisi permettait une action beaucoup plus rapide que celle des tirettes traditionnelles", remarque-t-il. "La rigidité du +Delrin+ m'a également permis de mouler un sommier qui, bien que complexe avec ses 32 canaux, s’assemblait rapidement aux capots et à la pièce d’embouchure. Cela donnait un harmonica qui projetait loin et fort, et était quasiment incassable", se souvient l'ingénieur-harmoniciste qui, fâché avec Hohner, a fondé au début des années 80 sa propre manufacture d'harmonicas appelée, en toute modestie, "Huang".



Bach pour la première - Notre concepteur joua pour la première fois de son nouvel instrument à Cranford (New Jersey) où il interpréta la sonate pour flûte en Mi bémol majeur de Jean-Sébastien Bach. "J'étais satisfait, l'instrument était était au point. J'ai donné le +top départ+ de la production à Hicksville", raconte Huang qui montre ici un prototype en argent entièrement fabriqué de ses mains.
Si vous avez un CBH 2016 et souhaitez le vendre, la cote varie entre  €100,- et €300,-, dépendant de l'état. Voici, en outre, la preuve que cet harmonica rend les chats mélomanes:





François Billecard quitte Hohner pour Buffet Crampon

François Billecard, le patron de Hohner France, a quitté la firme pour Buffet Crampon, le fabricant de clarinettes. L'interim est assuré par la directrice générale, Jacqueline Valette.

François Billecard, le patron de Hohner France, vient de démissionner quatorze mois après avoir pris la direction de la firme de Semur-en-Auxois (Côte-d'Or). Agé de 44 ans, cet ancien élève de Sciences Po a rejoint le groupe Buffet Crampon, deuxième fabricant mondial de clarinettes (530 salariés, 67 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010 dont 94% réalisés à l'international). Avant d'entrer chez Hohner, M. Billecard avait commencé sa vie professionnelle comme chef de produits pour le groupe néerlandais Philips et avait notamment lancé en France les premiers lecteurs DVD à la fin des années 90. Remarqué par Philips International, il s'était ensuite installé à Singapour comme directeur marketing de la firme avant de devenir manager général de Philips Electronics Thaïlande à Bangkok. Son bilan comme président du directoire de Hohner SA est mitigé. Si sous sa direction le chiffre d'affaires de la filiale française du fabriquant de Trossingen (Allemagne) est passé de 8,45 millions d'euros en 2010 à 8,76 millions d'euros en 2011 (comptes arrêtés au 31 mars), soit une progression de 3,6%, le bénéfice brut d'exploitation a été divisé de moitié lors de la période sous revue, à 374.000 euros, tandis que le résultat net a reculé de 48%, à 249.000 euros. L'interim de la firme, qui emploie 26 personnes (30 à l'arrivée de M. Billecard), est actuellement assuré par la directrice générale, Jacqueline Valette.
Mélomane à ses heures, M. Billecard aime aussi la cuisine. Dans la vidéo que je vous propose ici, il est l'invité de Maïté, la plantureuse mitonneuse gasconne de "La Cuisine des Mousquetaires" qui, il y a quelques années, avait fait exploser l'Audimat de France 3 en trucidant les anguilles en direct.



Dramaturge et président, Vaclav Havel était aussi harmoniciste


Vaclav Havel, qui est mort ce dimanche 18 décembre, fut non seulement président de la République tchécoslovaque mais aussi un harmoniciste, comme l'atteste la photo ci-contre.

Ecrivain et dramaturge, le fondateur de la Charte 77, ce mouvement rassemblant les dissidences de tout le «camp socialiste soviétique», jouait de notre instrument pour, disait-on, se détendre mais aussi entretenir sa capacité pulmonaire mise à mal par des décennies de tabagisme.

L'artisan de la «Révolution de velours» anticommuniste de 1989 et chef de l'Etat tchécoslovaque puis tchèque de 1989 à 2003 s'est éteint dans son sommeil. Il avait 75 ans.