"Peg Leg Sam" ou la poisse reçue en héritage...

"Si un jour il pleuvait de la soupe, tout le monde aurait une cuillère mais moi, j'aurais une fourchette": ainsi s'exprimait "Peg Leg Sam" dont le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'a pas été gâté par la vie. Mais sa jambe de bois ne l'a pas empêché de jouer de l'harmonica comme personne, allant jusqu'à y souffler avec ...son nez! En fait, l'instrument lui servait à faire prendre des vessies pour des lanternes à son public des "medicine shows", ces foires de charlatans ambulants qui ont existé jusque dans les années 70 dans le Sud des Etats-Unis.

Arthur Jackson, dit "Peg Leg Sam"
(18 décembre 1911 – 27 octobre 1977)

Ses enregistrements de référence - "Greasy Greens", "Lost John", "Peg's Fox Chase", "Fast Freight Train".

Sa vie, son oeuvre - Arthur Jackson, dit « Peg Leg Sam », est né le 18 décembre 1911 à Jonesville, une petite ville rurale de Caroline du Sud. Enfant, il s'initie à l'harmonica et en joue dans les rues pour subvenir aux besoins de ses cinq frères et soeurs. En 1930, en Caroline du Nord, il tombe sous un train en marche à bord duquel il essaie de monter et perd sa jambe droite. Il n'a que 19 ans.... Son inimitable bagoût lui permet d'être embauché comme musicien itinérant dans le « medicine show » du « "Chief Thundercloud", un Indien Potawotomi qui, en bon charlatan, vend un tord-boyau à ses contemporains en prétendant qu'il s'agit d'un élixir de longue vie. « Peg Leg » sera l'attraction vedette du show jusqu'en 1972, lorsque le "chief" passe de vie à trépas. Au début des années 70, Jackson enregistre parallèlement plusieurs galettes dont son grand'oeuvre « Kickin' It », qui est distribué en 1973 sous le label Trix. Notre homme y est accompagné, à la guitare acoustique, par Charles Henry "Baby" Tate et Henry "Rufe" Johnson dans un style rural qui alterne les morceaux instrumentaux et les monologues truculents. On y découvre un artiste hors normes qui joue de deux harmonicas à la fois --l'un avec la bouche, l'autre avec le nez-- avec une approche exubérante de l'instrument. Pour les spécialistes, « Peg Leg » est au « country blues » ce que John Coltrane est au « free jazz ». A partir de 1973, il tourne dans le circuit « folk » avant de décéder à 65 ans, le 27 octobre 1977, chez lui, à Jonesville. « Peg Leg » avait la réputation d’être un « looser », un malchanceux perpétuel mais avec un immense talent oratoire. Ainsi, écoutez bien "Greasy Greens", l'un de ses meilleurs titres: il y tombe en extase devant une assiette de haricots comme s’il s’agissait d’une jolie femme et, 5 minutes 30 durant, il en fait une description à vous faire saliver.
 
Pour en savoir davantage:

Visionnage conseillé - En 1976, le cinéaste américain Tom Davenport a consacré un documentaire à notre homme, « Born for Hard Luck » (« Né avec la poisse »). Un extrait de ce documentaire est utilisé dans « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain », le film de Jean-Pierre Jeunet. A visionner absolument,  ce documentaire en "streaming" dans sa version originale anglaise  et intégrale (50 minutes) est là: (http://www.folkstreams.net/film,1).









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