Sonny Boy Williamson 1 et 2: les pères de l'harmo blues (1/2)

Rice Miller: SBW II
John Lee Williamson: SBW 1
C'est l'une des questions que se posent fréquemment les harmonicistes impétrants, surtout s'ils s'intéressent au blues: "Quel est le +vrai+ Sonny Boy Williamson?". S'agit-il de John Lee Williamson, qui nous fait voir ici ses blanches quenottes et qui serait le seul légitime? Ou est-ce Aleck "Rice" Miller, ici en bouc et chapeau melon, qui jaloux du succès de son collègue en aurait usurpé le nom d'artiste? Une chose est sûre, cependant: ils ont chacun défini, à des titres divers, le "son" de l'harmonica blues. Voici pourquoi...

  


John Lee Curtis "Sonny Boy" Williamson 1
(30 mars 1914 – 1er juin 1948)


Ses enregistrements: John Lee "Sonny Boy" Williamson a commencé à enregistrer à la fin des années 30. Entre 1937 et 1947, il a gravé plus de 120 titres sur les labels RCA Victor/Bluebird. A la fin des années 40, il était l'artiste de blues le plus populaire de son époque.

Ses complices: il a également enregistré avec Robert Lee McCollum, Big Joe Williams, Henry Townshend, Elijah Jones, Yank Rachell, Jackson Williams, Speckled Red, Tampa Red et Big Maceo.

Ses référencesGood Morning Little School Girl”, sa première galette qui reste, aujourd'hui encore, l'un des blues traditionnels les plus joués dans le monde; “Early In The Morning“, “Decoration (Day) Blues“, “My Little Machine“, “Sloppy Drunk Blues“, “Check Up On My Baby“, “Elevator Woman“, “Hoodoo Hoodoo”. Ce dernier morceau a été repris par notamment Junior Wells sous le titre "Hoodoo Man Blues".

Ses meilleures galettesThe Original” (Volume 1), sur le label JSP et “Later Years” (Volume 2), également sur JSP.

Sa vie, son oeuvrebien qu'affligé d'un bégaiement, John Lee Williamson s'est imposé non seulement comme l'harmoniciste ayant défini véritablement le "style de Chicago" mais comme l'un des plus grands bluesmen de tous les temps, dont l'influence perdure jusqu'à notre époque troublée de la Sarkozie triomphante.
N'importe quel harmoniciste ayant exploré le style de Chicago est redevable au premier des Sonny Boy d'au moins une partie de son vocabulaire musical.
Le "son", les "plans" et les schémas de John Lee Williamson ont été abondamment copiés dans :les années 30 et 40 par les instrumentistes de sa génération. Et sept décennies plus tard, ces plans définissent toujours la manière dont le blues est joué au 21è siècle.
Il est d'ailleurs intéressant d'observer l'évolution de son jeu en parallèle à l'évolution de sa carrière.
Les premiers enregistrements étaient plus basiques et plus ruraux que ses dernières compositions, influencées par le swing et le "jump blues" des années 40.
Vers la fin de sa carrière, son phrasé apparaissait comme plus libre, plus "coulant" grâce à l'utilisattion de notes uniques en lieu et place des accords que donne typiquement une embouchure en "tongue blocking".
Lorsqu'on compare le blues de John Lee Williamson à celui de la génération suivante --Little Walter Jacobs, notamment--, celui-ci peut en effet paraître plus "rudimentaire" ou "simpliste".
Mais ne laissez pas vos oreilles vous raconter des histoires: le style du premier Sonny Boy est un foisonnement de nuances, de subtilités et de textures rythmiques difficiles à dupliquer...

Sa mort: le 1er juin 1948, John Lee Willliamson a été brutalement assassiné alors qu'il rentrait chez lui à pied après un concert au Plantation Club, dans le South Side de Chicago, à seulement un pâté de maisons de chez lui. Selon le guitariste Lonnie Johnson, le premier des Sonny Boy a reçu 17 coups de pic à glace dans la tête. A 34 ans, une vraie mort de bluesman!

Sa rivalité avec "Rice" Miller:  John Lee Williamson n'a  que peu apprécié de se faire voler son nom par Rice Miller. Selon Robert Lockwood Junior, John Lee a confronté Miller pour mettre fin à l'imposture. "Big Sonny Boy (Miller) a mis Little Sonny Boy (Williamson) à la porte", a-t-il rapporté. Mais Williamson n'a jamais engagé aucune action judiciaire contre Miller.

Pour en savoir plus:
(Copyright: Dennis Gruenling 2010 - Adaptation: Robert Koch)


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